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Couvre-feu en France et ses impacts : vie sous cloche et santé mentale #2

par Glose
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Quand l’année débute par un dégât des eaux, une CB piratée et des plombs qui sautent continuellement, c’est la poisse mais c’est banal.
Quand l’année commence par une lettre de mise en demeure de Scarlett Johannson*, c’est 2020 et c’est surréaliste…
En 2021, j’attendais donc de voir le monstre du loch Ness batifoler dans la manche ou Godzilla faire son shopping sur les Champs-Elysées. Mais il ne s’est rien produit.
L’année aurait dû être « normale »…

 

* via son avocat

 

○ 1er trimestre 2021 ○


Mais j’ai forcément zappé un truc… 2021 n’a rien d’« un long fleuve tranquille« . C’est « Un jour sans fin« . Un monde absurde et science-fictionesque.
« Bienvenue à Gattaca » non, mais « Bienvenue dans un monde sous cloche« , oui. Une vie entre parenthèses, en attente, sur pause, parfois volée, ou quand la vie s’arrête à 18 heures (plus récemment 19 heures. Merci l’été.) Soit le quotidien de millions de français moins ceux qui se contrecarrent des mesures restrictives et liberticides sapeuses de moral.

Les soirées interminables abrègent nos journées courtes qui se composent chaque jour du même refrain abrutissant : on se lève, on petit-déjeune, on taffe, on mange, on télé-travaille, on court, on bouffe, on zoom-apérote et dodo. La vie de rêve. Toutes les activités réalisées ordinairement en soirée de semaine doivent tenir dans les quelques heures diurnes du week-end. Une vie de fou. Tout doit être minutieusement programmé, fini la spontanéité. Une vie déshumanisée.
Lassée d’être une hyperbole en se métamorphosant en une réalité crue, la célèbre asyndète « métro-boulot-dodo » s’est incarnée en 2021. Une belle gifle sans sens figuré ni style que l’on apprécie très moyennement. Avant on exagérait, aujourd’hui on pleure un monde qui n’était pas si moche. À l’image d’une rupture amoureuse… (Merci Nora Hamzawi).

 

○ Sinon le moral ? ○


Comment dire… Bof bof ou bof-bof ?
Moral up and down causé par des stop and go à gogo, si au premier confinement ma créativité restait en alerte, à la longue, le manque de vie sociale, d’interaction et d’expériences de vie ont atrophié en partie mon humeur et surtout mon imaginaire. Ma créativité dépend de ma sensibilité, de la richesse de mes rencontres et des discussions qui en découlent. Sa source s’est depuis un peu tarie. Si lors du premier confinement, un élan fort de créativité s’est développé dans le monde avec la publication de photos, vidéos et textes humoristiques, aujourd’hui, les confinés ont moins envie d’en rire. On sent les gens bien las et fatigués. Les blagues les plus courtes sont les meilleures et celle-ci n’a que trop duré…

 

○De moins en moins d’envies… ○


Soirées clouées sur mon canapé, mes tête-à-tête quasi quotidiens avec un écran sous-alimentent mon esprit et atrophient ce qui me reste de muscle. Moi qui sortais quasi tous les soirs pour des events, des lancements de produits ou pour voir mes amis, etc., c’est la grosse punition.
Jamais les petits plaisirs de la vie ne m’auront autant manqué et montré à quel point ils sont vitaux et indispensables. Superficialité et choses dites « non essentielles » ont brillé par leur absence, creusé le fossé entre la vie d’avant et celle d’après. Les envies passées sous silence, la plupart finissent par se taire voire s’évanouir. Le manque d’air et de liberté m’étiole, je m’éteins chaque jour un peu plus encore. J’ai de moins en moins l’envie d’envie.

« Quand la vie se rétrécit, se décharne, au point qu’il n’en reste parfois qu’une armature, avec plus grand-chose d’agréable autour… » (le Monde)

 

○ Les sorties en 2021 ? ○


L’évasion après le travail… c’est encore devant son écran ou son plafond. Mais un billet de TVG en main, j’ai pu traîner dans les rues tellement j’étais heureuse de détenir un ticket d’or pour me dégourdir sans pression. Eh oui… j’en suis arrivée là. La moindre dispense au couvre-feu est un plaisir d’initié, de privilégié.
Heureux sont ceux qui détiennent un Graal pour un max de rab d’oxygène et de soleil : une attestation proun canidé, des descendants scolarisés, etc. Les autres tant pis; c’est la cage. Les chômeurs déjà confinés économiquement ne peuvent même plus pratiquer la seule activité gratuite après 19 heures : s’aérer.

Il m’est arrivée d’avoir de rares sorties. Mes bouffées d’air (invitations presse, visites d’amis bien calées entre 14h et 18h) sont arrivées à bout de souffle : ces ersatz de vie normale ne me contentent plus. Je n’arrive même pas à profiter « d’un moment sans cloche » c’est-à-dire d’une invitation presse ou d’un verre avec un ami car le reste du monde n’en profite pas. J’ai juste envie que tout le monde reprenne le même train en marche et se sente libre.

C’est quoi le grand frisson en 2021 ?
Sortir sans attestation…
Une fois, à la sortie d’un supermarché, je me suis rendue compte de mon oubli. J’ai eu cette étrange impression d’être sortie nue. Tout ça pour une attestation. Ça devient n’importe quoi…

Absurdité française : quand tu nous tiens…

 

 

○ Fatigue morale, merci la crise sanitaire ○


Les restaurants et bars sont fermés depuis des mois. Je n’ose même plus compter tellement c’était pas hier.
2021 ressemble de plus à un tunnel sans fin…

Dans cette ambiance délétère, on va finir par être une nation de névrosés :

« Il y a maintenant toute une série d’études qui montrent que le stress mental causé par les mesures restrictives peut aussi conduire à une maladie mentale »

(Dietrich Munz, chef de la Chambre allemande des psychothérapeutes, dans une interview accordée à l’AFP)

Je me gratte souvent le visage, je me tire les cheveux, les ongles, j’ai mal au ventre, je me réveille plusieurs fois dans la nuit, j’ai du mal à aller me coucher. J’ai des aigreurs sans boire d’alcool. Il y a des jours où ça va et le lendemain, gros coup de pompe sans raison. La fatigue pandémique ne serait pas une vue de l’esprit ni un caprice du corps mais bien une réalité :

 » perte de repères sociaux liés aux restrictions de liberté, absence de projets pour l’avenir, craintes pour son emploi… Cette sensation se traduit différemment selon les contextes ou encore les âges, mais peut se matérialiser par des insomnies, des crises, des difficultés à se concentrer. « 

 

À lire ci-dessous : « Combien finiront au bout d’une corde ?« 

 

○ La solution : le lâcher-prise ? ○


Fatiguée par la succession des annonces gouvernementales qui s’enlisent, par des restrictions parfois injustes, par le manque de projection sur l’avenir et de perspectives, par le fait de repousser continuellement des déplacements et par la difficulté à trouver un emploi, il est peut-être temps de se décrisper, d’arrêter de se stresser et de culpabiliser pour nada, non ? Nous n’avons aucun pouvoir, aucune prise sur le contexte actuel. Pourquoi continuer à pédaler dans la semoule ?

Bref, j’ai décidé de prendre le train en marche du moment : le lâcher-prise.
Autant accepter que nous ne pouvons rien faire de mieux que de slalomer au rythme de la Covid-19 plutôt que de swinguer dans celui du monde d’avant. Depuis ce déclic, je me prends moins la tête et m’empoisonne moins l’esprit. Mon cerveau est en mode automatique tandis que mes prises de tête et doutes sont en mode pause. J’accepte ce monde au ralenti au lieu de le prendre à rebrousse-poil, attitude qui ne fait que m’épuiser.
Qui sait ? Un jour je regretterai peut-être cet épisode où le monde était au ralenti et où je n’aurai pas su me mettre au pas.

Et puis, je suis allée passer des tests sanguins… au cas où. Résultat : anémie, baisse de tension, problèmes de globules blancs et de plaquettes.
Finalement, Miss COVID-19 a bon dos, on ne peut pas l’accuser de tous les maux…

 

 

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