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Visa, argent, vols, voile, VPN… que faut-il savoir avant de voyager en Iran ?

par Glose
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Pourquoi l’Iran ?!

Fut une question qu’on me répéta souvent, un peu médusé par mon choix de destination.

Depuis longtemps je rêvais d’Iran, pour ces images de contes de Mille et Une nuits qui peuplaient mon imaginaire. J’étais tout à fait consciente de la théocratie, la dureté de la République islamique qui pouvait ternir le tableau enjolivé que j’avais  de l’ex-Perse.  Mais à plusieurs reprises, je me suis rendu compte que le traitement médiatique de certains sujets clivants  était parfois « gonflé » et ne reflétait guère à la réalité. Le « Faire sensation » oblige. Et j’allais encore moins me baser sur les fameux « On-dit » de l’entourage pour partir…

Je me suis donc concentrée sur les témoignages récents de voyageurs pour apprécier au mieux les conditions actuelles du pays. Ils s’accordaient tous sur trois choses : l’accueil d’un grand peuple, un pays d’une grande beauté et des plus sécuritaires au monde. Les critères de base d’un beau voyage…
Sans compter que je n’aime pas les destinations ultra-balisées. J’ai besoin de sortir hors des sentiers battus, de voir plus de locaux au m² que des touristes…

 

Et le voile, tu vas devoir porter un voile ?

Sincèrement, ce n’était pas le kif de ma vie de porter un voile et une tenue islamique (tenue qui recouvre le corps entier quelque soit la température extérieure). Mais l’envie de connaître ce pays à la réputation « diabolique » et ses habitants était bien plus forte que la contrainte de porter un fichu. À chacun son degré de motivation. D’autres refuseraient catégoriquement de le porter en voyage. Ou de venir à cause des lois islamiques, pas très « tendres » avec la condition des femmes. Je ne juge pas, je comprends très bien le discours. Je sais juste que la plupart des iraniens et iraniennes souffrent du régime politique en place (la majorité ?).  Mais ils n’y sont pour rien. J’ai visité un pays dont le peuple partage pas mal de mes convictions et dont certaines femmes m’envient de ma liberté d’occidentale. Ce serait différent si le pays était un vrai coupe-gorge et les habitants hostiles aux occidentaux. Ce qui est très très loin d’être le cas. Ils sont heureux que vous soyez là, ils se sentent moins isolés et sont curieux : ils veulent tout savoir et échanger avec vous. On est parfois comme une bouffée d’air…

Dernière chose, j’avais diffusé en stories Instagram, 3 photos du pays et j’ai demandé à mes followers où je me trouvais. L’Iran n’est pas du tout ressorti. Je pense que les personnes qui ont trouvé au bout de 24h ont dû avoir la carte du Moyen-Orient en face d’eux et procéder par élimination des pays annoncés …
Ce sondage montre à quel point l’Iran ne fait pas partir de l’imaginaire collectif du voyage…

 

Ça c’est dit.
J’exprimerais dans un autre article mon ressenti sur le pays depuis mon voyage.
Passons aux choses pratiques…

 

 

○ L’ORGANISATION○


 

Je ne sais pas pourquoi, mais les blogueurs voyage chantent en cœur qu’il est easyyy de préparer un voyage en Iran. Je suis sans aucun doute pas outillée comme eux, moins dégourdie ou aventurière aguerrie qu’eux. Mais je pense représenter la majorité des personnes en France dans ce cas donc ils me comprendront en lisant cet article :P.
Moi j’en ai chié  bavé et j’y ai passé plus de temps que d’habitude. Moi qui adore organiser mes voyages, j’en avais ras la casquette. Vous allez voir pourquoi en me lisant …

 

 

 1/ Quand partir ? 

L’Iran est un grand pays (3 fois la France) qui possède plusieurs type de climats : continental, doux et aride près de la mer Caspienne, froid dans les hautes montagnes, chaud et désertique le long des côtes du sud et du sud-est. Mais globalement c’est un pays aride. Téhéran l’été c’est 40°, les déserts du sud peuvent atteindre 70°. Le crop top étant interdit…
Je vous conseille de partir de octobre à avril pour éviter les grosses chaleurs. Et si possible le ramadan même si vous trouverez de quoi manger. Avril étant le meilleur mois question soleil et degrés. Mais la prochaine fois, je partirais en février. (janvier-février étant aussi une période non touristique). Car être recouverte de la tête au pied quand il fait 4e degrés me pose aucun problème…

 

 

 2/ Réserver un vol

Vous allez rire ou pas. Mais les moteurs Skyscanner, Liligo, Kayak et consort ne proposent aucun vol pour l’Iran.
Sur les sites des compagnies aériennes iraniennes, aucun vol au départ de Paris : ils sont interdits de territoire.
Quand vous faites une recherche sur Google, il vous indique que les vols existent (internationaux et domestiques) mais impossible de les réserver. Pour les vols internes, il faut passer par une agence ou être sur place dans le pays… ou encore savoir lire le farsi…
Les vols existants ne sont connus qu’une fois sur place. De toute façon, il coûtera bien moins cher de réserver sur place (environ 10 € le vol Kerman-Téhéran contre 100 € pris ailleurs). Sinon, il faut savoir que les avions sont très mal entretenus et qu’il y a beaucoup d’accidents dans le pays. Sympa, hein !

J’ai fini par trouver des vols internationaux sur Bravo Fly et JetCost en faisant escale à Istambul. #youpitralala.
Nous devions partir avec Mahan Air mais le vol a été annulé 2 semaines  avant le départ pour cause de financement à l’Hezbollah (d’après les sources médias…). Nous sommes donc partis avec Atlas Global.

 

 3/ Réserver un hôtel

Si vous venez en avril, il faut réserver 9 à 12 mois en avance les hôtels car ils sont pris d’assaut selon les professionels du tourisme. J’ai pu constater en effet que les villes comme Isfahan surtout, Chiraz et Téhéran, 3 mois à l’avance, il ne restait rien de « beau ». Seulement, 1 mois à l’avance, les horaires de train et bus ne sont pas affichés. Du coup, il n’est pas évident de programmer un voyage à l’avance sans savoir si vous aurez un train ou un bus. Certaines liaisons entre deux villes n’existent même pas. D’autant plus que lors de la demande du visa (un vrai casse-tête), on vous demande tout votre parcours et l’ensemble des réservations. À se tirer les cheveux. Alors attention c’est vrai et faux. Officiellement, oui, vous devez avoir tout réservé de A à Z. Officieusement non. Mais bon, ça dépend sur quel fonctionnaire vous tombez… à l’aéroport lors de l’obtention du visa, on nous a demandé à voir toutes les réservations…

Pour corser le tout, les sites de réservations en ligne comme Booking, hotel.com et Agoda par exemple, ne proposent pas d’hôtels en Iran. (trop facile sinon). Il vous reste le site de couchsurfing ou 1stquest. Mais ce dernier ne prend pas les réservations en temps réel. Du coup, j’ai eu des retours comme quoi il n’y avait plus de place 24 heures après. Et difficile d’obtenir un remboursement après leur annulation (j’attends toujours). De plus, sur le voucher, il n’est pas indiqué l’adresse ni le numéro de l’hôtel. Parfois la demande est mal enregistrée ça nous a valu des problèmes avec les autorités. Si vous passez par ce site, vérifiez tout (ils nous ont compté 2 nuits au lieu d’une) cherchez les numéros et adresses avant de partir. Car internet est censuré, vous ne pourrez pas les trouver à l’aéroport (on en reparle après). Mon conseil : passer par Trip Advisor pour trouver un hôtel. Ensuite, soit vous pourrez les contacter ou les trouver sur 1stquest.
Sinon, passez par une agence de voyage qui s’occupera de tout même du visa que vous serez sûr d’avoir si vous voulez être tranquille.

 

 4/ Le visa

Ce fut aussi une tannée. Car les informations sont multiples sur internet.
L’ambassade à Paris ne répond jamais au téléphone et n’est ouvert que le matin entre 9h et 12h, je crois. Il vous demande aussi vos empreintes, 75 € et votre passeport risque d’être gardé 1 mois. Bref, j’ai laissé tomber.
> Si on fait une demande par internet, on est systématiquement refusé.
> Il me restait Action Visa. J’ai payé 30 € pour faire une demande d’enregistrement. Ils ont aussi demandé des assurances et des photos voilées et non voilées qui n’ont jamais été demandée sur place. J’avais que ça à faire.
> D’autres prennent le risque de venir avec le dossier et de faire le visa on arrival. C’est 75 euros + 3 dollars. Ça marche aussi… sauf si votre tête ne  leur revient pas ou si vous êtes journaliste.

Sincèrement, Action Visa m’a fait perdre 30 euros. J’étais furieuse car la demande faite en avance n’a servi à rien. Voici un message que j’ai laissé sur un groupe Facebook

 

La blague c’est que les hôteliers et la police nous demandent le visa à chaque contrôle mais depuis mai 2018, le gouvernement ne tamponne plus. On nous a même pas laissé un papier à l’aéroport. Du coup on donnait le numéro d’enregistrement pour les calmer mais j’ai appris plus tard que ce n’était pas le bon numéro.

J’ai ensuite interpellé Action-Visa sur Twitter. Voici le Tread :

 

 

Une vraie langue de bois…

 

○ VIE PRATIQUE ○


 

 5/ L’Argent & CB

La monnaie locale est le rial iranien. Mais les iraniens vous parlent en Tomans…
Le guide 2019 du Petit Futé mentionnait : 1 € = 50 000 rials. Mais en avril 2019, 1€= 150 000 rials. Soit 15 000 Tomans.
Les sanctions américaines de 2018 ont divisé la valeur par 3. Le coût de la vie est donc trois fois plus cher pour la population. Le salaire moyen en Iran est passé de 300 € à 100 € en avril 2019.  Vous en revanche… c’est jackpot :/
Exemple de prix : un dîner pour deux dans un resto branché : 10 €
Paquet de cigarettes : 80 centimes en moyenne
Une nuit d’hôtel à Isfahan dans un 3-4 étoiles : 25 €
Parfois, ils vous rendent la monnaie en sucreries quand le rendu est trop bas…
Le coût de la vie en Iran est vraiment « cheap ». N’hésitez pas à emporter le moins d’affaire possible dans la valise pour s’offrir de l’artisanat, vêtements, nourritures ou autres.

À SAVOIR : vos cartes de crédit étrangères seront inutiles en Iran : impossible de régler ou de faire un retrait dans un distributeur. Il faut que vous ayez sur vous le maximum d’Euros et changez au fur et à mesure de vos besoins.  Il serait bien dommage de tout convertir en rials dès le départ et de devoir faire le change en sens inverse. De plus, la plupart des marchands préfèrent les transactions en euros.
Pour 12 jours en Iran, 200-300 euros suffisent pour un voyage moyen de gamme. Si vous comptez acheter un tapis persan rallonger 200 euros de plus en moyenne.
Si vous partez très longtemps, vous devriez peut être envisager de prendre une Mah Card, une carte de crédit où vous pourrez charger de l’argent.
Pour ce qui est des vols, sachez que les iraniens sont très honnêtes donc pas d’inquiétude à se balader avec 2 fois leur salaire…

 

 

 6/ Transports

Comme déjà écrit plus haut, il est difficile de réserver un train longtemps à l’avance. Pour réaliser mon parcours, j’ai dû établir une dizaine de propositions hypothétique à tester.

Un affichage qui s’est souvent répété…

C’était harassant car je me basais sur des suppositions. Une belle perte de temps avec un ordi qui rame à la clé et qui s’éteignait. Oui j’en ai bavé. Du coup, si je pensais partir un mercredi, je regardais les horaires du mercredi actuels pour 3 mois plus tard.  Je n’ai pas trouvé mieux. ça me permettait surtout de voir les durées : en moyenne 7-12 heures de train. Mais la blague, c’est qu’il était possible que la liaison n’existe pas toute les semaines, ce que j’ai pu vérifier en sélectionnant plusieurs mercredi.

Du coup, je me suis inscrite pour recevoir une notification par mail, pour connaître le jour de l’ouverture des ventes des billets pour telles dates. J’ai tout réservé sur ce site : www.iranrail.net qui bien qu’il ne soit pas officiel, est sérieux.
Au final, je m’en suis pas trop mal tiré car mon parcours s’est avéré « faisable » au moment de l’ouverture de la billetterie.

Avril est une saison très touristique donc dès l’ouverture des billets, il reste déjà pas énormément de tickets au moment de ma réservation

En revanche, il faut se dépêcher
Sachez aussi qu’il n’utilise pas les chiffres arabes… : donc n’hésitez pas à demander où sont placés votre wagon et siège…

Le bus je ne l’ai pris qu’une fois. Il faut prendre un bus VIP de nuit, franchement ça vaut trois euros. En revanche, il n’y avait pas de toilettes (Trajet Kerman-Isfahan), la TV était forte et on a été réveillé par les militaires en pleine nuit. Perso, je préfère le train mais si vous n’avez pas le choix, prenez un bus VIP.

Sinon, sur des trajets de 2-3 heures, réservez un taxi. Le trajet Kashan- Aéroport Téhéran a coûté 3 millions de rials, soit 20 euros pour faire 210 km, 2h30 de taxi.
De l’aéroport de Téhéran Imam Khomeini, le taxi coûte 850 000 rials soit 5,6 € pour 1 heure. Ne réservez pas votre taxi sur 1stquest proposé par l’hotel, c’est 15 €…

En ville, les taxis ne coûtent rien mais c’est selon les villes (Isfahan est un peu plus chère car très touristique). Si vous voulez tester le uber iranien, c’est Snapp.

 

 

 7/ VPN-Internet

Le gouvernement iranien censure Internet pour contrôler toutes les informations et bloque certains sites Internet et réseaux sociaux (ex : Instagram, YouTube, mais aussi Topito !). D’une part, il veut faire respecter la loi iranienne et d’autre part, supprimer la parole des opposants au régime.
Pour contrer la censure, il suffit d’installer un VPN avant de partir. Il y en a des gratuits. Perso, on n’est jamais assez prudent, j’en ai téléchargé deux : X-VPN et Booster VPN. Il s’est avéré que le premier était plus performant. Le 2e était toujours en rade.
Si vous voulez en savoir plus : traverserlafrontiere.com/vpn-iran/

 

 

 8/ Voile et vêtements

Vous pouvez prendre n’importe quel foulard pour faire office de voile ou hijab. Cela dit, je vous conseille d’en acheter un sur place en plus d’en apporter un dans votre bagage cabine (obligatoire à porter lors de la descente de l’avion) car leur matière tienne mieux sur les cheveux. À moins que vous ayez tout ce qu’il faut. A Yazd, dès que notre voile tombait, on était sifflé par les voitures comme un avertissement. Dans une ville comme Isfahan, les gens ne se choquent pas si une étrangère a mal mis son voile.
Les iraniennes le portent de sorte qu’elles laissent entrevoir leur cheveux. Je n’ai vu qu’un seul niqab en 12 jours et zéro burka. Dans les villes dites « conservatrices », les tchadors sont plus nombreux. Le voile est obligatoire à partir de 9 ans seulement…
Concernant la tenue, c’est simple, on doit être couverte. Sauf les mains, les avants-bras peuvent passer et vous pouvez porter des sandales. En revanche, au-dessous de 10 cm de chevilles, il faut être couverte. Les iraniennes fashionista s’habillent comme les occidentales et portent un manteau « stylé » pour cacher les fesses. Car c’est le but. Si vous ne portez pas de manteau, un jean ou leggings c’est ok avec une tunique qui couvre les fesses. Inutile d’alourdir sa valise. Prenez la base et achetez vos vêtements au bazar ou boutiques. Ce sera bien moins cher et avec des matières en coton et en lin.
Concernant les soirées privées, je n’ai pas eu l’occasion d’en faire. Je sais juste qu’il faut être bien « habillé ». Donc au cas où, prévoir une tenue autre que « islamiste like » dans sa valise…
En ce qui concerne les hommes, le bermuda est toléré pour les hommes étrangers. Vous pouvez vous balader en tee-shirt, et sans voile… pour vous c’est un voyage quasi comme un autre…

 

 

 

En savoir plus sur l’Iran :
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Pour mieux connaître l’histoire, la culture, ses poètes…
[VIDEO] L’Iran dans mon cœur 
Elnaz vit à Berlin depuis trois ans, et Sarah habite Paris depuis l’âge de 10 ans. Elles ont gardé de leur pays d’origine, l’Iran, des visions forcément différentes. Dès leur arrivée à Téhéran, chacune d’elles part sur les traces de son enfance…
Série en 4 épisodes

 

 

A SUIVRE : roadtrip dans le désert des Kalut et mon voyage en Iran. Vous saurez tout de mon parcours

2 commentaires

elisabeth 22 janvier 2020 - 16 h 16 min

Ah mais c’est dingue . On est parti en Iran en famille à 5 pour 4 semaines en aout 2018 , on n’a pas eu tout ces tracas administatifs … visa à l’arrivée sans problème (j’avais fais les visas electroniques trop tard), je n’avais reservé que la ere nuit dans un hotel/auberge de jeunesse arty/funky/progressiste et pour le reste j’avais repéré en avance les hotels chouettes, écrit en demandant le prix mais pas spécialement reservé (c’est vrai qu’en aout il n’y pas trop de touristes) . Pour les transports on a fait ça en bus ( 1 seule fois le train entre Yazd et Teheran) , en se pointant dans les gares routieres on partait dans l’heure pour n’importe quelle destination. Je ne dirais pas que c’est easy de préparer un voyage en Iran parce que il n’y a quand même pas beaucoup d’info fiable, en revanche, une fois sur place c’est très easy et il y a toujours une solution pour tout. Pour nous l’Iran est un merveilleux souvenir, mes enfant ont trouvé que cétait le plus beau voyage de leur vie et moi pour la première fois de ma vie j’avais les larmes aux yeux sur la route du retour….

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Quand la demande de visa tourne au film d'espionnage... 9 novembre 2020 - 11 h 17 min

[…] 2019, j’ai vécu une aventure rocambolesque en Iran qui a frôlé le « bad ending ». Le genre d’aventure qui vous dit « PLUS JAMAIS ! ». […]

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