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Dès 16 heures, je suis comme une souris sous LSD parmi des coureurs de fond qui s’empressent à rentrer du bureau et cavalent pour leurs courses, shopping, rendez-vous, transactions Le Bon Coin, etc.
C’est épuisant…
○ Lassitude et course contre la montre… ○
Je soupçonne les chauffeurs de la RATP de vice : ils se font un malin plaisir de ralentir la rame avant l’heure du couvre-feu. Si si, c’est sûr. Quand la rame ne stagne pas 4 minutes par station, on a droit au malaise.
Je suis dans le métro il est 17h. 17h10. Malaise voyageur. Une demi-heure d’attente. 30 minutes de plus à rester enfermée avec des gens qui viennent s’entasser. C’est la 3e fois en 10 jours. Si seulement c’était un gag. Exaspérée, je tape du pied et murmure « Ils le font exprès… Ils le font exprès « . Et je sors, terminant mon trajet en courant à pied.
Mon dîner est compromis. 17h45 sonne le glas pour la plupart des magasins. Je sais que c’est loupé pour choper une plaquette de beurre, des œufs, des légumes et du pain au supermarché du coin. Sinon, un choix s’impose : la boulangerie, Picard ou Carrefour ? Pas les 3.
Les journées sont courtes et la RATP nous taxe un temps précieux. Je suis dans tous mes états. Tout est motif à m’énerver depuis le couvre-feu, je n’étais pas autant à fleur de peau pendant le confinement.
T’as plus rien à manger ? Soit tu jeûnes, soit tu Uber Eats. Et encore faut-il qu’ils livrent dans ton quartier et que tu n’aies pas faim à 22 heures. Un rythme à l’antithèse de mon mode de vie. Autant dire que je suis sous camisole de 18 heures à 6 heures du mat’…
○ Des journées qui se réduisent comme une peau de chagrin ○
Je suis chez moi, je bosse sur mon ordinateur sans voir le temps passer.
16h…
TIC TAC, TIC TAC, TIC TAC…
Mon alarme interne s’excite à toute berzingue. Je dois stopper toute activité domestique ou digitale pour sortir. Un sprint s’ensuit pour réaliser tous mes achats avant 17h30. J’accélère le pas, je cours, parfois je me fais bousculer, bref je me dépêche pour être stoppée dans mon élan par… une file d’attente ! Classique. Quand la minute vaut de l’or : celle d’un temps libre sans attestation ni couvre-feu, je kiffe. Perdre une minute de vie entre 6 heures et 18 heures me fait péter un plomb. Merci Couvre-feu. Tu me fais penser à « Sans alcool la fête est plus folle ». SANS liberté, SANS plaisir, SANS plus rien, oui c’est plus fou…
Une journée de 14h (9h à 23h, les horaires d’ouverture de mon Carrefour) est ramenée à 8h30 (9h- 17h30).
Je perds donc 5h30 de temps d’activité et de vie extérieure mais aussi 5 jours de vie sociale sur 7.
Je vois seulement 1 personne ou un petit groupe d’amis par jour de week-end avant 17h30, car impossible de cumuler plus de temps de rencontre à moins de dormir chez la personne. Et pour couronner le tout, on parle de quoi ? Je vous le donne en mille. Je suis tellement saoulée de ces conversations (Covid, gouvernement, complot) que je me dis « J’aurais mieux fait de rester chez moi au lieu d’écouter des conneries pareilles« . Non, je ne suis pas à deux doigts du conditionnement mental…
○ C’est pas une vie… ○
Bref, on parle Covid, on bouffe Covid au JT, on « s’embrasse »* Covid, on subit Covid. Ce n’est plus un virus mais Big Brother.
Ne pas avoir de vie sociale n’est pas en soi quelque chose qui me retourne le ventre. Mais la contrainte me dérange.
Je suis à bout. Je râle, je souffle. Réorganiser ses journées actives dans un mouchoir de poche quand on a pris l’habitude de sortir en semaine, de faire ses courses vers 22h, c’est intenable sur une longue durée sans horizon ni clap de fin.
C’est une course sans fin et mes jambes ne tiennent plus. J’ai des sensations de suffocation parfois, de respiration coupée.
1 an que le mot liberté n’est qu’un concept du monde d’avant. On vivote.
Ce couvre-feu m’est insupportable.
18h clignote.
J’ai juste envie de hurler et de sortir.
* On embrasse Covid (on dit bonjour avec le coude, pas de câlin, ni d’embrassade. Ou de loin)
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[…] me dégourdir sans pression. Eh oui… j’en suis arrivée là. La moindre dispense au couvre-feu est un plaisir d’initié, de privilégié. Heureux sont ceux qui détiennent un Graal pour un […]