Avec la tendance du recyclé, j’ai eu envie de rénover ma salle de bain entièrement d’objets récup’. Du sol au plafond en passant par le mobilier et les matériaux de construction. Le rêve de tout bon bobo : avoir une salle de bain relookée uniquement de pièces vintage ou de seconde main (à la Royal Roulotte).
Mais la réalité n’est pas aussi lisse et facile que ces clichés de salles de bain bohèmes chics présentées dans les magazines…
Résultat : beaucoup de stress, énormément de temps perdu pour finalement acquérir juste quelques pièces. Un semi-échec mais qui malgré tout m’a permis de diviser le budget travaux par 2…
Sommaire
1. La tendance récup’ : plus qu’une tendance, une nécessité
Nouvelle façon de consommer, à la fois économique et écologique, le marché de la seconde main est résolument tendance : avec une croissance annuelle mondiale attendue de 15 à 20% sur les 5 années à venir. En 2019, les Français ont été plus de 60% à acheter au moins un produit d’occasion mais seulement 11% pour les meubles*.
À 20 ans et même 30, j’aurais mal vécu de réutiliser les objets et meubles qui ont appartenu à autrui (étrangement, les habits jamais. J’achète dans les friperies depuis mes 17 ans). Acheter d’occasion, brocanter, c’était pour les gens fauchés, les foyers aux revenus très très modestes. Une décennie plus tard, l’état d’esprit n’est plus du tout le même. Notre époque, une prise de conscience, le chômage et 7 déménagements plus tard sont passés par là.
Eh oui… quasi systématiquement à chaque nouveau emménagement, la plupart de mon mobilier ne me convient plus. Soit par goût, soit pour un problème de dimensions ou de place. Si je devais empiler tous les meubles achetés à prix neuf que j’ai dû donner ou jeter aux encombrants, l’image fait mal au cœur. Tout cet argent balancé par la fenêtre : ces voyages en moins ou ce très beau sac de créateur, cet objet d’art ou ce matériel numérique que j’aurais pu m’offrir. Ça fait réfléchir. Et je rechigne donc aujourd’hui à acheter neuf car je sais qu’un meuble durera le temps de ma vie dans un appartement. Ni écolo radicale, ni bohème, je suis quand même passée progressivement à la slow consommation et à la seconde main. Dorénavant, le neuf reste un dernier recours, quand l’objet reste introuvable en occasion. Plus récemment, je me suis même mise au DIY, à la création de meubles sur-mesure réalisés avec des chutes de bois ou récup’ (table, dressing, étagère). On ne rigole plus !
LA RÉCUP’ C’EST :
> Stopper le gaspillage : prise de conscience de la surconsommation en mettant en place des comportements écoresponsables
> Réaliser des économies
> Acquérir un objet qui a une histoire, une âme au lieu d’un objet sorti tout droit de l’usine
> Ce n’est pas seulement acheter seconde main : c’est aussi réutiliser un objet délaissé ou stocké quelque part chez soi ou détourner un objet du quotidien à d’autres fins
> Un jeu : une petite chasse au trésor pour trouver THE objet
> Un jeu #2 : le petit plaisir de la négociation…
> Avoir des désillusions : entre l’objet dont on rêve et celui sur lequel on tombe…
* Données figurant sur le communiqué de presse de Youzd
L’époque où je cherchais des établis sur Pinterest pour ma salle de bain…
Pour ce qui est de l’objet chargé d’histoire, on repassera ! Malheureusement à chaque achat, j’ai soit oublié de demander d’où provenait l’objet soit la personne ne savait pas…
2. Mon choix de rénovation : la salle de bain tendance récup’ ○
La salle de bain tendance récup’ a des qualités évidentes :
> Elle a plus de caractère (on récupère un objet qui est chargé d’histoire)
> Elle est plus en accord avec sa personnalité
> Elle est sur-mesure
> Elle est à moindre coût… ou presque (si vous achetez à des particuliers. Les sites de pro ne sont pas bon marché)
> Elle est mieux adaptée à sa routine de vie lorsqu’on détourne un objet chiné à ses besoins.
L’idée d’une salle de bain Ikea ou froide et lisse comme vu chez les spécialistes du monde du bain, me laissait de marbre. Je désirais une salle de bain plus personnelle, stylée, authentique et un peu rustique (pendant longtemps j’ai cherché un établi de menuisier) ou campagne chic, avec des meubles de qualité bradés ou pas chers.
Un artisan accro à la brocante m’avait fait rêver en me racontant que des familles se débarrassaient de meubles en noyer, merisier et chêne chez Emmaüs ou le Bon coin à un prix dérisoire. Qu’on pouvait trouver des wc suspendus neufs à 10 euros chez Emmaüs. À ce rythme, ma nouvelle salle de bain allait me coûter à peine 200 euros de matériaux !
Mais en réalité non.
Pourquoi ? Car la tâche fut plus difficile que prévu : pas évident de trouver de la colle, du carrelage et de la quincaillerie qui conviennent d’occasion ou de fin de série à un moment T. Si j’étais allée jusqu’au-boutisme – une salle de bain 100 % récup’ – il aurait fallu m’y mettre tous les jours pendant des mois et des mois. Ou avoir un gros coup de bol.
Ma recherche a été quotidienne durant l’été 2020. Et ce fut déjà assez chronophage pour moi.
Consoles patinées vues sur Pinterest
3. Mon expérience sur les sites de seconde main
Cette recherche s’est déroulée en juin, juillet et août 2020. Au lendemain du premier confinement, j’ai enfin pu trouver un artisan qui a aussi accepté d’installer des objets ou matériel de seconde main. Demande non évidente car les artisans ont leurs propres adresses de fournitures et généralement, ils n’aiment pas bosser avec un matériel dont ils n’ont pas l’habitude. D’ailleurs, en cherchant pendant ces trois mois une baignoire, des mitigeurs et des appliques sur le Bon Coin et la Marketplace de Facebook, rien ne lui convenait. J’ai fini par céder pour du neuf. Aujourd’hui, je regrette juste de n’avoir pas pu jeter un œil sur la baignoire car elle ne correspond pas à ce que je voulais. Il faut toujours tout mais tout contrôler avant achat. Comme je passais énormément de temps à créer ma salle de bain et sur des sites d’occasion, j’étais un peu lasse de tout contrôler, j’avais envie de lui faire confiance.
En revanche, il s’est montré ouvert à upcyler une commode pour chambre en meuble vasque avec une vasque en céramique de seconde main.
4. Ce que je retiens de ces 3 mois de recherche intensive
1/ Avoir du temps. Beaucoup de temps…
J’ai passé bien six heures par jour à rester plantée devant mes écrans d’ordinateur et mobile :
– À faire défiler les 4500 résultats sur une commode à 30 km autour de Paris pour être sûre de ne rien rater, car le choix des mots-clés n’est pas toujours un gage de fiabilité
– À supprimer au fur et à mesure les tonnes de notifications qui polluaient ma boîte mail
– À envoyer des centaines de messages sur la disponibilité du produit, ses dimensions, etc.
– À attendre patiemment les réponses…
– À tomber sur des annonces où le produit est déjà vendu depuis des jours
– À rager parce que tu as trop réfléchi et une autre personne vient de payer l’objet convoité…
2/ Trouver une aiguille dans une botte de foin
Je pense aux robinets et mitigeurs par exemple dans mon cas. J’en ai trouvé mais ils n’étaient jamais bons : problème de taille, pièces de fixation en plastique plutôt que métalliques, mauvaise position de la manette, couleur qui ne me convenait pas, personne pas dispo, pas de réponse…
Les contraintes techniques ont beaucoup joué : quand tu tombes enfin sur deux jolies appliques, tu te rends compte que leur installation n’est pas possible. Il existe des distances de sécurité à respecter pour l’électricité dans une salle de bain.
Découragée, j’ai fini par acheter des appliques et un mitigeur neufs à l’allure vintage. Tendance récup’ quand tu nous tiens…
3 / La contrainte géographique
La déception de voir l’objet de ses rêves situé à Pétaouchnok et le prix de livraison plus cher que l’objet (Selency fait payer environ 70-80 € la livraison) arrivent souvent…
La situation géographique peut être un frein : pour une localisation de l’objet en l’Ile-de-France, un trajet peut durer 1 heure soit 2 heures aller-retour pour chercher un truc à 40 balles avec une voiture électrique qui ne tiendra pas la charge. C’est parfois démotivant.
(Sinon je ne sais pas ce qu’il se passe dans le 77, mais toutes les belles vasques sont en vente dans ce coin. Le 77 est aussi tout simplement le département le plus grand d’Île-de-France…)
4 / Surveiller les prix
Un certain nombre de particuliers ont tendance à surestimer les prix. Il n’y a aucun intérêt à acheter une chaise en rotin à 130 € d’occasion alors que neuve, on en trouve à 150 €. Ni une table composée de palettes à l’aspect bric-à-brac à 150 €.
Acheter neuf revient dans certains cas moins cher.
Acheter à un particulier à Paris sera toujours plus cher qu’en banlieue à 90 %. Mais si on prend en compte le temps de trajet et le ticket de transport en commun ou l’essence, parfois on s’y retrouve. Il ne faut pas négliger les paramètres « gain de temps » et « prix de livraison » et ne pas s’arrêter seulement au prix de l’objet.
J’ai aussi abandonné en cours de route l’achat du carrelage de fin de série à moins 50 % trouvé sur la Marketplace de Facebook ou des restes de chantier à cause du transport : je ne me voyais pas soulever des cartons de carrelage de 25 Kg à monter au 5e étage. Je voulais être livrée par des pros donc j’ai acheté neuf. Le paramètre « effort physique » est aussi à prendre en compte dans le prix…
À gauche, le prix de la vasque à 120 € revendue par un particulier / À droite, 69 € la vasque a un prix neuf en boutique
5 / Changement de projet en cours de route
La salle de bain étant dans la chambre, ma principale problématique fut de réfléchir à une séparation. Au début, j’ai pensé à la classique verrière industrielle, puis à une porte de ferme vintage ou indienne sur rail… pour finir par une cloison en placo que j’ai dessinée au fur et à mesure de l’avancée des travaux…
Il faut penser « agile » en récup’! (ceux qui connaissent la méthode Scrum, bonjour !)
Je voulais absolument un porte sèche-serviette et une robinetterie en cuivre. J’ai fini par récupérer une échelle en bois et abandonné le cuivre pour du laiton. Idem pour le miroir, j’ai passé des mois à chercher un grand miroir à rangements d’occasion et même neuf. Mais rien ne convenait alors j’ai utilisé un vieux miroir que j’ai teint en doré. J’ai aussi arrêté pile au bon moment le carrelage total de ma salle de bain car la couleur ne me convenait pas. Il a fallu donc « bander les murs » au lieu de les carreler ce qui n’était pas prévu.
Les travaux avaient déjà commencé que je n’avais pas encore ma commode, future pièce maitresse de la salle de bain. Une fois la pièce trouvée, c’est elle qui a donné le ton de : la couleur de la vasque, du mitigeur, le style de miroir et autre meuble. Et effectivement une fois trouvé, j’ai dû abandonner la vasque en marbre ou pierre à laquelle je tenais fortement et l’achat d’un autre meuble en marbre que j’adorais. Car l’ensemble n’était pas harmonieux.
Après les établis, j’ai fini par renouveler ma recherche avec des commodes vintage … (vues sur Pinterest)
LES SITES :
Sites consultés pendant ma recherche :
Leboncoin
Emmaus
donnons.org
Selency
MarketPlace de Facebook
Gens de confiance
Et autres :
izidore
Retour de chine
Youzd
Debutdeserie
desuet.fr
Sur 1 r de brocante
ChicFaktory
videdeco
luckyfind
capharnaum
Brocante de la Bruyère
Design market
citron12
chineuse de grenier
vintage french art
Et comptes sur Instagram comme :
Atelier du petit parc
Maison Nordik
La lune décoration
5. La récompense
Quand on tombe sur THE objet à un prix dérisoire et qu’il est dispo, c’est un peu la fête sur les Champs-Elysées dans ta tête ! Quand on se donne autant de mal, qu’on doit patienter (personne en vacances ou muette), on apprécie bien plus l’objet d’occasion qu’un acheté facilement en magasin sans effort. Le sentiment est assez spécial finalement : on vit la trouvaille comme un trésor qu’on a eu du mal à déterrer des fins fonds du web…
Mes achats d’occasion :
► Une vasque en bon état avec sa bonde à 32 euros dans le 14e au lieu de 80 €, prix neuf.
(j’ai vu la même à 25 euros mais à 1h20 en voiture ou 1h52 en train dans le 78. Pas envie de perdre 2h40 pour un truc pareil pour gagner 7 euros. )
►Achat d’une commode en bois datant des années 80′ (pour créer un meuble vasque) à 40 € à 38 minutes en voiture.
(J’ai vu la même à 30 euros mais à 1h30 en voiture...)
► Achat d’un chiffonnier à 30 € de la même couleur que la commode et qui rentre pile poil dans l’espace prévu. Un gros coup de bol après 2 mois de recherche !
Ma récup’ :
► 2 rideaux à franges que j’avais achetés pour la cuisine et qui restaient au fond d’une boîte depuis 2 ans.
► Un miroir de mon précédent appartement stocké dans ma cave et que j’ai peint en doré
► Un plateau de bain réalisé à partir d’une chute de bois.
► Une échelle qui servait de déco dans le couloir sert à présent de porte-serviette
► Cueillette de graminées du dernier été, utilisées pour la déco
Cadeau :
► Le tableau offert par Muzeo
► Un autre tableau offert par un ami très cher
► La suspension offerte par Nedgis
Neuf :
Après avoir passé un temp fou pour rien, la patère, les appliques, la quincaillerie, la peinture, le carrelage, les mitigeurs ont été acheté neufs. Car deux mois de recherche n’ont pas été concluants pour trouver ces pièces et matériaux.
Avant d’acheter la vasque coup de cœur sur leboncoin dont le diamètre dépasse la profondeur de la commode, je vérifie que ses dimensions ne soient pas trop imposantes avec une simulation. Visiblement, ça ne va pas !
Mes meubles récup’ dénichés sur leboncoin pour une salle de bain un peu rustique !
Le mitigeur neuf à l’allure rétro à droite…
Le miroir délaissé dans la cave prêt à vivre une seconde vie repeint !
À RETENIR POUR DÉCORER DANS L’ESPRIT RÉCUP’ :
1/ Plus on s’éloigne de Paris, plus les prix baissent
2/ Avoir du temps et de la patience. Pressé ? Passez votre chemin
3/ Être véhiculé. Sans véhicule on achète neuf pour bénéficier de la livraison. Généralement les particuliers attendent que vous vous déplacez.
4/ Le projet peut changer en cours de route : il faut penser « agile »
5/ La seconde main, la récup’ n’est pas toujours bon marché.
6/ On peut détourner la fonction d’un meuble pour une déco plus personnelle et originale
7/ Faire attention que la décoration ne vire pas au bric-à-brac. L’effet joliment rétro se gagne que si on marie élégamment les objets entre eux.
8/ Sachez que vous vous lancez dans un projet de dur labeur et fatiguant mais ô combien gratifiant !
6. Le mot de la fin…
On dit que le temps c’est de l’argent, je l’ai bien senti ! Des heures et des heures chaque jour à chercher le bon meuble, aux bonnes dimensions, si il est disponible, pas trop éloigné de mon domicile, etc. Le temps perdu est le paramètre qui m’aura le plus marqué. Il faut s’armer d’énormément de patience. Si vous en êtes dénués, la récup’ c’est pas pour vous.
J’ai tenté de faire des économies, de faire un geste pour la planète, de donner une dimension plus authentique à ma salle de bain : j’en ai bien bavé ! Passer autant d’heures pour un résultat aussi maigre, c’est un peu dur. J’étais un peu comme Candide au lancement de ma recherche, puis j’ai été désenchantée.
Bref, il faut avoir du temps, ne pas être pressé et avoir une voiture. Ce n’est pas le parisien actif et sans véhicule qui est le mieux loti pour ce type de rénovation. Quand on voit le prix de certains meubles en soldes, se mettre à la récup’ devient vite décourageant. Pour rester motivé, il faut être un passionné, un retraité, un amateur de déco vintage, bricolo, un écolo ou un fou ! 🙂
Mais à vrai dire, même si ma salle de bain est à 50% de la récup’, je suis plutôt contente du résultat. Et oui ça valait le coup…
Pour voir le résultat en photos, la suite dans un prochain « Salle de bain : avant-après » !
Moi trônant parmi mon bordel et mes trouvailles récup’ !
MES LECTURES :
► Rénover avec des matériaux récupérés
► Ma salle de bains joue la tendance récup !
► Avant/Après : Quand la récup’ de matériaux donne une âme à un appartement…
► Salle de bains : 24 idées pour la transformer avec presque rien
► Rénover sa salle de bains soi-même : les 10 clés de la réussite
► Nos 20 plus belles idées de salles de bains
► Créer un coin douche dans une chambre : les 10 conseils clés
► 8 meubles vintage dans lesquels investir
► Meuble salle de bain récup – 70 idées pour une déco qui respire l’authenticité
► Peindre du carrelage de salle de bains : les 3 erreurs à éviter