« Joker » en ciné-concert à la Seine Musicale : une performance grandiose !

L’année 2022 s’annonce de meilleur augure. En effet, la tournée ciné-concert du film « Joker » prévue initialement en avril 2021 a finalement été reportée le 11 mars 2022 à la Seine Musicale
On y était.

MISE À JOUR LE 28/03/2022

○ Avis sur le ciné-concert du 11 mars ○

Tout d’abord, quelques mots s’imposent pour présenter le film.
Dans l’univers de DC comics, plus précisément celui de Batman, le film décrit le naufrage progressif dans la folie de celui qui deviendra plus tard l’un des ennemis jurés de Batman : le Joker. Plutôt que de coller au comics, les scénaristes on fait le parti-pris de se baser sur une interprétation libre de ce qu’aurait pu être le Joker avant de devenir l’un des pires criminels de Gotham. Ils nous livrent ainsi un portrait psychologique saisissant, doublé d’une histoire sociale sombre, intimiste et violente. Si tout le monde n’a pas aimé ce film, parfois assez lent et contemplatif, il a enthousiasmé énormément de spectateurs, et on comprend pourquoi. Le film de Todd Philipps, par ailleurs magnifiquement réalisé, montre un peu l’envers du décor, avec par exemple un Thomas Wayne (père de Batman) qui, libéré du regard admiratif de son fils, se montre fort antipathique et doté d’une morale discutable. Bref, vous l’aurez compris, c’est un film qui vaut d’être vu, et pas seulement pour les fans de Batman, mais aussi pour tous ceux qui s’intéressent à l’intolérance et au rejet de notre société envers la marginalité.

La projection du film en ciné-concert est forcément une excellente idée. D’abord parce que cette musique originale est magnifique, sombre et majestueuse. Elle colle à l’ambiance comme un voile d’ombre sur une peau moite, renforçant les couleurs gris fumée, bleu nuit et rouge sang du film. Ensuite parce que c’est toujours agréable de redécouvrir un film que l’on a aimé dans de telles conditions. J’ai malheureusement deux reproches à faire à cette projection. Le premier est majeur. Un film au cinéma est censé être projeté à 24 images par secondes. Je ne sais pas combien il y en avait en moyenne tout au long de cette projection, mais il semblait qu’on était à 15, voire 20 dans les meilleurs moments (ce n’était pas constant). Résultat : une image saccadée qui finit par piquer les yeux. Cela pouvait être dû à un débit réseau trop faible, à un logiciel manquant de puissance, ou à du matériel informatique inadapté… en tout cas, c’est difficile à avaler pour une projection à ce prix. Ce n’était pas un film d’action donc l’écran restait lisible. Le second défaut, nettement moindre, est une trop grande proximité entre l’orchestre et l’écran. En quoi cela peut-il être gênant ? Tout simplement parce que l’orchestre a besoin d’un peu de lumière pour lire ses partitions. J’aurais surélevé un peu l’écran pour l’éloigner de ces sources lumineuses. Mais ce problème est vite oublié dès lors qu’on se retrouve happé dans l’ambiance du film. Pour le reste, je ne peux que vanter les mérites d’un orchestre qui nous a livré une performance magnifique, parfaitement synchronisée, sublimée par l’acoustique impeccable de la salle. Le résultat était très immersif. J’en ai redécouvert la magnifique musique de ce film, qui ne m’avait pas tant marqué lors de mon premier visionnage. Sans les images saccadées, cela aurait été pour moi une expérience inoubliable. Un grand bravo à l’orchestre et à son chef (qui ne sont curieusement crédités nulle part ?) et à Hildur Guðnadóttir.