Dans certains catalogues de jouets : les petits garçons bercent des poupées et les fillettes jouent aux guerriers. Alors… heureux ?
Les catalogues de jouets s’en sont bien tirés : avec l’avalanche de prospectus et catalogues de Noël, aucune plainte n’a été signalée sur les réseaux sociaux, aucune marque a subi un bad buzz taxé de sexiste. Incroyable, tant l’offre en matière de représentations sexistes était pléthore en cette période faste.
Est-ce dû au fameux miracle de Noël ? Est-ce que les enseignes ont appris la leçon après l’affaire des bodys Petit Bateau et autre catalogues de fête des mères promouvant un rabais sur les produits ménagers ? À moins que tout le monde était diablement affairé à ses courses de Noël ou avait bien mieux à faire que de mener la guerre contre un jouet sexué ? Ché pas, j »hésite…
Ordinateur pour filles ultra sexué : rose et avec moins de fonctions. Grandiose…
Remarque, il y a du nouveau côté grande distribution. Super U, La Grande récré et Toys ‘R’ Us ont commencé leur petite révolution. Une fois les préjugés au placard et en avant les mises en scène d’enfants dans des rôles désexués. À moins que ce soit l’argument marketing « égalitaire » qui les ait motivés à revoir le contenu de leurs pages. Ou tout simplement, les fabricants de jouets écoutent les nouvelles demandes des consommateurs et s’adaptent aux besoins. Ce qui prouvent qu’ils ne sont que des exécutants et non ceux qui imposent une vision de la société. Mais ne bitchons pas sur cette excellente initiative… Un petit garçon peut enfin jouer à la poupée sans attendre sa majorité sexuelle et une fillette se prendre pour GI Joe sans qu’on lui reproche son côté garçon raté manqué. Mais il y a 25 ans, avec mes cousins, on n’avait pas attendu le signal de ces grandes enseignes pour jouer ensembles à la poupée Barbie en leur faisant faire des compèt d’athlétisme (avec remise de médailles en carton DIY siouplait), puis après l’effort le réconfort, désapage des poupées pour une séance de body-body avec Ken. À cette époque, il me semblait que les parents n’en faisaient pas tout un fromage de ces représentations de la condition féminine en ménagère de pacotille et autre tenue kitchissime. Mes parents ne m’ont jamais offert de tenue de princesse, ni kit de ménage ni caisse enregistreuse et privilégiaient les jeux éducatifs sur lesquels il dépensaient sans compter. Du coup, j’ai comme qui dirait un trouble, un manque alors je me rattrape à 30 ans, quitte à être ridicule, pour porter enfin des tenues de princesse (exemple les robes du 31), tout en rêvant de rencontrer des enfants qui ont la panoplie complète de l’hôtesse de caisse pour frapper sur les boutons de la machine. Je sais pas si c’est mieux au final d’éviter ces jouets…
Mais les féministes doivent se réjouir, on a gagné un pas de plus vers l’égalité des sexes : elles ont remporté une bataille. Ah depuis des siècles qu’on l’attendait celle-là :
Mais bon…
1/ Faut pas se leurrer ce n’est qu’un début. La démarche n’est pas encore généralisée, mais elle pourrait bien être le signe d’un renouveau pour repenser le contenu des catalogues de jouets. Et puis 2/ faut pas se mettre le doigt dans l’œil : les petites filles aiment bien les tenues de princesse et l’aspirateur rose « Hello Kitty » aura toujours du succès. Il est aussi plus jouissif de transcender les genres, à la manière d’une Lady oscar ou princesse Mulan, de vouloir ressembler à un garçon guerrier plutôt qu’un soldat asexué. Une étude tend même à démontrer que les jouets asexués ne remportent pas l’adhésion auprès des enfants. Et en plus si les singes s’y mettent alors…
En tout cas, même avec tous les efforts du monde, il est difficile de nier qu’il existe bel et bien des jeux plus féminins que masculins et vice-versa, mais il n’y a aucune honte à mélanger les genres, à jouer aux jeux du sexe opposé. Et puis, vous ne savez pas trop ce que trafiquent les enfants avec. Les filles peuvent jouer les guerrières urbaines avec leurs poupées miniatures ou à démonter leur jouet-aspirateur pour voir comment il fonctionne. Tandis que les garçons s’amuser à vêtir leur GI Joe avec les fringues de Ken, construire des dressing avec leur kit de bricolage ou confectionner des crèmes avec leur mallette de chimiste. Tout ça n’est peut être qu’un problème de regard d’adultes, les enfants ont assez d’imagination pour détourner la fonction toute désignée d’un jouet …
Bref, la lutte contre les stéréotypes sexistes et jeux de rôles sexués – avec le lancement des premiers catalogues de jouets non sexués – est en cours. Rien ne vaut de tuer le mal en commençant par sa racine…
Sinon, pour les grands, j’ai pensé qu’on pouvait aussi lancer les catalogues de mode non genrés :
Pub dans magazine féminin
Une créatrice chinoise fait porter à son grand-père sa marque de vêtements
Alors ? Oui, non ??!
——————–
(c) Photo de une : campagne du collectif « Osez le féminisme » en Belgique
5 commentaires
Un nom plutôt actuel : Lauren Faust.
Intéressant… je ne connaissais pas du tout…
Quand j’ai feuilleté les catalogues et que j’a vu des garçons dans les pages « filles » j’étais toute contente !
Personnellement les jouets « filles » que j’ai pu avoir n’ont jamais servi pour leur fonction première : la table à repasser a fini comme planche de surf et le mini balai fut une épée. Les poupées sont restées au placard aussi.
Je pense, personnellement, que même si les jouets asexués ont moins de succès auprès des enfants, il est quand même bénéfique qu’il y en ait, pour qu’ainsi ces enfants aient au moins le choix. 😀
Oui complètement ! Comme les jeux de société 🙂