Il y a 17 ans, jeune fille débarquant à Paris, je confondais le M du métro de la station Jean Jaurès pour celui du Mac Do le jour, l’hôtel de ville pour le château de Cendrillon, la nuit.
J’étais une gamine naïve, zéro confiance en soi, me heurtant au gang des jupes plissées sur le chemin de l’école à Saint-Cloud et mortifiée par le voisin de palier, maybe sous LSD, après avoir vu son chaton teint en rose. Mais zéro gêne pour ouvrir la porte nue enveloppée d’une serviette de bain à des inconnus… et se retrouver prise d’angoisse le soir à la lecture de mots coquins glissés sous le pas de ma porte à cause de déglinguos qui s’étaient passés le mot. Situation qui me faisait tester la résistance de mes meubles Ikéa en les postant tous contre la porte d’entrée au cas où un aspirant s’avérait un peu trop hardi, un vase dans une main, le téléphone dans l’autre prête à arracher du lit mon oncle de Boulogne. Après je me roulais en boule dans du papier Vélin pour me calmer… #fétichistedelafibrevégétale
Étudiante sans expérience de la vie, résidant dans le 16e, j’avais peur de poser mes talons dans certains quartiers de Paris. Les no-go zone, quoi. Alors imaginez mon regard effaré quand une camarade classe de mon année en info-com, un peu bab sur les bords mais vivant dans un appartement acheté par ses parents dans le 15e me dit : « Mon mec vit dans un squat, là-bas« . (NDLR : dans une des no-go zone)
Traduction dans ma petite tête : « La nana sort avec un SDF. ELLE SORT AVEC UN SDF. UN S-D-F ! Cette fille est folle ! Dans un quartier chaud. Cette fille cherche la merde… j’ai peur… »
Ce quartier de l’angoisse où je m’étais dit « Moi vivante, même pas en rêve ! » était la grange aux belles et son canal Saint-Martin…
Sommaire
Parisian riviera ?
Plus de photos du canal Saint-Martin version 2015 ici …
Maintenant j’y vis. Et je suis devenue une femme un peu moins naïve.
Amen.
Moralité au choix :
« J’étais une grosse flippée de la vie »
Cadeau : une photo de moi à l’époque…
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« Il ne faut pas dire, fontaine, je ne boirai pas de ton eau »
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« Les temps changent… »
Et ce n’est pas fini. L’arrivée il y a 2 ans d’un hôtel 4 étoiles dans le 11e (les jardins du Marais), une boutique chic rue Bichat (L’Exception) ne fait que confirmer la tendance et l’évolution bourgeoise de ce quartier. #gentrificationwelcome
Prochaine étape : Belleville, j’imagine. Hâte de voir ce qu’il deviendra dans 10 ans. Quelques signes avant-coureur déjà : une boutique vend des chaussures Timberland et des Tropéziennes à côté des shops qui vendent des modèles similaires made in china en 3 fois moins cher et un Sephora vient d’élire domicile. La rue du Faubourg du Temple reste toujours intéressante question shopping quand on découvre que la même robe (même matière, même étiquette, même marque) chez Appara Store dans le 2e à Etienne Marcel est à 60 € alors que dans une boutique du Faubourg du Temple 29,90 €. Profitez-en avant que ça change…
La robe à 60€ à gauche que vous trouverez à 29,90 € 5 stations plus haut.
Eh oui… les temps changent.
Je suis devenue quasi no glu, fais du sport depuis 1 an et demi, j’achète certains produits chez Naturalia, mes cheveux sont addict au shampoing Leonor Greyl, j’achète parfois dans les concept store « hype ». J’ai bien réduit ma consommation d’alcool et depuis novembre je suis passée définitivement au vin rouge (sachant qu’avant cette date, je n’en buvais jamais, attendu la trentaine quand même…).
Le temps pour soi est devenu un luxe : je ne passe plus mes soirées du week-end une coupe à la main ou à décuver sur ma fausse fourrure de mouton en regardant mon plafond. Ni à me rouler dans mon papier… Du coup 17 ans plus tard, j’ai pris une sage décision concernant ma montagne de papier vélin, bible, kraft, couleur, transparent, calque, indien, bristol, vergé, couché, cartonné, parfumé, etc. J’ai décidé d’arrêter de les stocker et d’en faire profiter les administrations en envoyant mon courrier avec du papier velin, vergé, bristol, bicolore, parfumé, etc.
Mais surtout, j’ai arrêté de croire au happy ending et à l’hypothétique idée d’une meilleure Année avec son lot de félicité. Ce truc de contes de fées qui vous fait croire que quelqu’un ou quelque chose va arriver pour vous rendre définitivement heureux. Me suis affranchie de cette vision du bonheur qui me conduit plus souvent à la déception qu’à la béatitude. J’ai grandi.
En fait pas tout à fait, pour être honnête je m’en détache plus que je m’en suis libérée. C’est tellement sympa de croire qu’à un moment, là où on ne l’attend plus, tout va arriver, comme par magie, la délivrance du Deus ex machina avec le prince all inclusive qui emporte sa princesse vers un horizon sans nuage, lointain, éternel. C’est plus dur de se dire « non, ce sera toujours pareil » mieux de se persuader « qu’après la pluie vient le beau temps« .
Et puis… le temps change …
Sauf les selfies….
3 commentaires
Mais ces boutiques rue du Faubourg du Temple recèlent de perles!
Il faut bien fouiller mais oui tu peux trouver des pièces vendues dans le Sentier 2 fois moins cher. Mais aussi ailleurs. J’avais acheté un top dans une boutique à Rue du Commerce (15e) que j’ai retrouvé à Belleville encore moins cher. Les boules donc dont me faire enfler de la sorte. Après ça peut être la même coupe dans une matière plus cheap. A vérifier.
Mais j’ai pu vérifier ce cas plusieurs fois.
Pire, dans la rue St denis( entre Les Halles et Strasbourg St denis), c est la que ca se fabrique, ou que ça arrive de Chine….prévoir du cash dans les boutiques de grossistes qui vendent au detail…;), sinon c est la rue du Temple qui recèle de perles, de bijouteries et de maroquineries chinoises, plus haut après république, c est la rue du fbg du temple….qui effectivement presente des revendeur de produits sentier ou chinois…moins chers qu ailleurs.