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Théâtre – « Ring », KO morale…

par Glose
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Couple en mode #gravity

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Accroche plus sérieuse : « Où comment la vie en couple est un combat de chaque instant…« 

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Affiche tendance qui capte l’air du temps #GravityBis


Salle comble pour Ring. La pièce du moment…

Arrivée 15 min avant l’heure, petite sueur froide de faire partie des derniers dans la file d’attente. Mais le Théâtre du Petit Saint-Martin plutôt intimiste, offre une vue plongeante sur la scène d’où qu’on soit. Rien ne servait de patienter sous la flotte du vendredi soir de la Toussaint. Ouf…
Le topo empli de promesses, m’a donné envie de voir la pièce, curieuse de découvrir comment l’auteure Léonore Confino explore et anatomise ce binôme amoureux qu’est le couple. Lisez par vous-même :
« Venez faire trembler vos certitudes sur le couple avec l’incroyable RING. Audrey Dana et Sami Bouajila, entre étreintes et uppercuts, pulvérisent avec une énergie euphorisante nos certitudes sur le couple. RING, c’est un terrain de jeu pour le couple. Pas question de tempérer ses efforts. Parents, amants, étrangers, maris et femmes, Adam et Eve, divorcés, veufs, tous se débattent avec leurs instincts, leurs idéaux, leurs réflexes d’enfants. Les clichés sautent, les étiquettes se décollent, pour questionner en profondeur le sens ou non-sens de la relation à deux. »

Léonore Confino souhaitait que « les spectateurs sortent de « Ring » aussi épuisés qu’après avoir assisté à un combat de boxe, le désir au ventre de retourner à la vraie vie pour aimer et panser les blessures. »
C’est gagné, elle m’a lessivée...
Et pour cause : l‘auteure appréhende ce tamdem amoureux comme un combat et utilise la métaphore du « ring », un espace clos et exclusif au couple comme un « laboratoire » où se compte autant les poings dans les dents que les instants « Ah viens là que je te saute dans les bras, dessus, dessous…« . Soit. Intéressant.

Lorsque la pièce commence, une rampe immaculée et un banc « multi-tâches » se dévoilent avec les 2 acteurs allongés, sous une lumière tamisée et une bande-sonore qui verse dans l’enchantement. On est au paradis, Adam et Eve se prélassent jusqu’au moment où Eve se languit : gros coup de cafard, elle s’ennuie terriblement. Dans son emportement, elle balance une phrase bien sentie qui selon moi annonce la suite des festivités : « Nos enfants vont se reproduire entre eux, il seront tous consanguins, on va faire des dégénérés, c’est terrible !!! ». (en gros, c’est le message). Sarcastique bien sûr…
Une « dégénérescence programmée » qui ne prédit rien de bon en ce qui concerne les relations amoureuses et qui tient de fil rouge aux 18 scènes qui vont s’enchaîner à un rythme infernal où les comédiens incarnent tour à tour divers personnages. La pièce dévoile toutes les facettes de la vie amoureuse à travers des comportements douteux, phrases assassines, insatisfactions, malentendus, jalousie, lassitude, manque de communication, etc., et qui révèlent ô combien c’est limite maso de vouloir être en couple. Ce dernier se nourrissant quand même de pas mal de piques saugrenues : une pauvre phrase innocente peut déclencher une crise,  l’envie de pousser l’autre à bout n’est jamais bien loin, la nécessité de souffrir pour ressentir est latent ou encore le besoin de vivre à fond génère une frustration dont le premier à en pâtir est « chéri(e) d’amour ». Oui, nous sommes assez  » dégénérés » pour ne pas seulement se contenter de vivre bien ensemble et avoir la fâcheuse tendance de trouver la « petite bébête » pour s’étriper. (si on fait les comptes : on totalise plus de crises de larmes ou d’angoisse que de moments de félicité dans la pièce… un non-sens la vie à deux ?).
Tarés, oui nous le sommes. Et surtout le personnage féminin un peu trop hystérique à mon goût…
Sinon, j’ai trouvé impeccable l’installation minimaliste et ultra-moderne, la mise en scène, les jeux de lumières, la chorégraphie, l’image de la rampe qui m’a fait penser à l’envie de se balancer dans l’inconnu et prendre des risques, la performance des acteurs et la polysémie du titre Ring, qui signifie aussi bien les anneaux de mariage que l’estrade où se déroule la lutte quotidienne. En revanche, je n’ai pas toujours accroché aux textes contrairement aux nombreuses critiques qui encensent la pièce. Les dialogues sont bien écrits certes, peut être trop. Si les situations sont justes, les échanges sont pour moi un poil trop littéraires ou caricaturaux.
Ma scène préférée est celle où l’homme marié reproche à son amante : » Tu as 35 ans, tu n’as rien construit. Tu ne penses pas à l’avenir« , lui qui au bout d’un an de mariage trompe sa femme et blâme sa maîtresse de ne pas lui accorder le monopole de sa couche, même s’il claironne au début qu’il est indifférent. Il eut une respiration, un silence salutaire qui en dit long sur cette situation risible et qui pose cette question : entre celui qui se marie et dit « construire » et celle qui préfère l’honnêteté et butiner, qui est la personne qui passe à côté de sa vie ? Cette scène offrait une vraie réflexion, une pointe de cynisme qui ébranlait pour le coup une certitude en comparaison à d’autres scènes plus descriptives, moins dans le questionnement. Il y a aussi celle évoquant le syndrome Emma Bovary où la femme troublée par sa ressemblance avec le personnage d’un livre veut tout quitter, vivre la grande aventure et … avoir un truc à raconter à ses copines.
Mais peut être est-ce seulement une question d’identification…

ATTENTION SPOILER :
Je ne comprends pas pourquoi le personnage féminin termine seule sur un monologue s’adressant directement au public. Conseil pour ne pas passer à côté de sa vie :

« On n’a pas su trancher. Ça faisait des années qu’on se disait que notre vie commencerait plus tard, bientôt, un jour. Quand on aurait changé de patron, quand on aurait un enfant, quand on gagnerait plus d’argent, quand on ferait plus de sport, plus l’amour. A force de faire des projets on est devenu des projets »,

Parce que c’est la femme qui s’interroge, qui a besoin de vivre intensément, qui se dit « Passer cette étape, tout ira mieux« , qui érige de petits obstacles à surmonter, que le bonheur viendra après et non maintenant, seule à s’accrocher à un lendemain meilleur ?
Est-ce l’intention de l’auteure de montrer ô combien la femme est victime de son insatisfaction constante ? Voire c’est le propre de la femme d’être toujours en demande ?
Je m’interroge…
La question reste ouverte…

 

 

Plus d’infos
Jusqu’au 4 janvier 2014

Du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 16h et 21h.

Théâtre du Petit Saint-Martin

17 rue René Boulanger
75010 Paris
Métro Strasbourg-St-Denis

Billetterie :
Tél. 01 42 08 00 32

Réservations

Une pièce de Léonore Confino
Mise en scène Catherine Schaub

Avec Audrey DanaSami Bouajila. Décors Élodie Monet. Lumières Jean-Marie Prouvèze. Costumes Julia Allègre. Musique Bastien Burger. Image vidéo Mathias Deflau. Chorégraphies Magali B.

1 commentaire

kimiko 5 novembre 2013 - 10 h 46 min

Il est certain que le couple tient plus du marécage boueux ou du torrent que du long fleuve tranquille. La pièce à l’air de faire résonner le couplet du couple de façon ultra moderne… pour mieux plonger ensuite dans l’ultra moderne solitude.

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