Le 13 décembre dernier, j’ai été invité au Grand Rex à Paris pour l’avant-première du film BETTER MAN de Michael Gracey, un biopic sur Robbie WILLIAMS.
Si Robbie Williams est un immense phénomène mondial, je fais partie des quelques personnes qu’il n’a jamais su convaincre. Pourtant, la bande-annonce du film, la réputation de Michael Gracey, ses choix narratifs et visuels osés, ont emporté ma curiosité. Du coup j’y suis allé. Et je n’ai pas regretté.
C’est un biopic musical à voir… pas que pour la musique.
○ Le film Better Man de Michael Gracey ○
Je ne saurais vous dire combien de déceptions j’ai eues dans le passé après avoir placé des espoirs démesurés dans des œuvres dont le monde entier chantait les louanges…
Je vais donc commencer par tempérer l’étalage de superlatifs lourdement dispensés dans le dossier de presse du film : ne vous attendez pas à une histoire extraordinaire. L’histoire de Robbie Williams est la même que celle de centaines, voire de milliers d’autres artistes et célébrités, déjà racontée dans d’innombrables films, livres et autres supports. C’est une histoire de grandeur et de décadence, de rêves réalisés qui en brûleront d’autres, une histoire d’amour entre un artiste et son public, une histoire de solitude dans l’intimité…
Robbie Williams est devenu célèbre trop jeune, il a sombré dans d’innombrables névroses et addictions qui ont failli détruire sa vie. Nous connaissons tous ce genre d’histoire. N’espérerez pas vous faire surprendre par le synopsis. Vous voilà prévenus.
○ Avis sur le Better Man ○
Mais histoire sans surprise ne signifie pas film sans surprise.
Des surprises, j’en ai eues. Je ne vais pas dire que c’est parce que le personnage principal est représenté par un singe. Si vous avez vu la bande-annonce et/ou lus quelques news, vous le savez déjà. Ce choix illustre le décalage entre la façon dont Robbie Williams se voit et la façon dont il est publiquement perçu.
- Le singe est entièrement réalisé en CGI, très réussi et expressif (probablement aidé par du motion capture ?) et c’est une idée narrative finalement assez simple, mais osée, qui fonctionne extrêmement bien. Au-delà de son sens symbolique, elle apporte au film une dimension fantastique et onirique, presque magique, qui sublime les aspects ordinaires, prévisibles et durement réels de l’histoire de l’artiste.
- L’une de mes surprises, c’est justement la facilité avec laquelle Michael Gracey fait glisser ce singe que tous considèrent comme humain dans son histoire, sans jamais chercher à l’expliquer ou à le justifier ouvertement. En tant que spectateur, on l’accepte très vite, et on ne se pose pas plus de questions que les personnages du film. Non seulement, c’est un singe et un humain à la fois, mais en plus, il ne paraît absolument pas monstrueux ou bizarre au final. On s’attache à lui et on a un peu l’impression d’assister à un conte magique.
- Mon autre grande surprise (qui surprendra peut-être moins ceux qui ont vu le premier film de Gracey – ce n’est pas mon cas), c’est la virtuosité de la construction narrative et de la mise en scène. Il y a de très jolies pirouettes dans ce film, en particulier deux parenthèses elliptiques qui résument plusieurs années en une chanson avec une efficacité et une élégance redoutables.
Je sais que le premier film de Gracey (The Greatest Showman, un biopic de P.T. Barnum) s’est vu reprocher des excès de sentimentalisme facile. Je ne sais pas si c’est justifié, mais en tout cas, dans Better Man, il n’y a pas de place pour la guimauve. Si le film est touchant à plusieurs reprises, il garde jusqu’au bout une légèreté et un recul parfaitement calibrés, qui sont pourtant loin d’atténuer la force du propos.
On notera en particulier la relation très complexe, tour à tour toxique, drôle, émouvante et déchirante, du héros avec son père.
Pour conclure, je dirais juste que, sans être hermétique, je ne suis pas un grand amateur de comédies musicales, et que, soyons francs, Robbie Williams, c’est pas mon truc. Malgré ces conditions de départ très défavorables, le film a su me séduire.
J’ai passé un si bon moment devant un spectacle musical plein de musique que je n’aime pas trop, imaginez donc le plaisir que vous pourriez éprouver si la musique vous emballe…
○ Informations ○
Infos : un film de Michael Gracey, durée : 2h15, Biopic, musical,
Avec Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton
Sortie : le film Better Man en salle à partir du 22 janvier 2025