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Balade en Velib’ : les Années folles à Boulogne-Billancourt

par Glose
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En ce doux mois de septembre, pourquoi ne pas profiter du week-end pour une balade à vélo pour découvrir le Grand Paris ?
Je ne sais pas si vous êtes au courant mais Velib’ propose sur son site internet des itinéraires à vélo pour parcourir l’Île-de-France (plus de 400 km² de réseau). Chaque mois vous pouvez en découvrir une nouvelle !
Le nouvel itinéraire de la rentrée réalisé avec Paris Bike Tour est : les Années folles à Boulogne-Billancourt, ville novatrice et source de créativité« .
J’ai pu découvrir ce parcours en avant-première cet été.

Sommaire

○ Les Années folles à Boulogne-Billancourt ○


Cette plongée au cœur des années 1930 m’a appris que l’entre-deux-guerres fut un temps d’intense création architecturale à Boulogne-Billancourt. Le traumatisme de la Grande Guerre et la révolution industrielle expliquent en partie l’ébullition créative de cette période de l’Histoire. Désormais, je ne regarderais plus cette commune à l’ouest de Paris du même œil !
Centre industriel et culturel, la cité fut dans l’entre-deux guerres le terrain de jeu d’inventions autant technologiques, qu’urbaines ou artistiques ! Ouvrier, artiste ou directeur d’usine, on s’arrachait un lopin de terre à Boulogne !
Visite guidée en vélo des Années folles à Boulogne-Billancourt.

○ Le parcours proposé en vélib’ ○


Partez à la rencontre des Boulonnais les plus précurseurs du Quartier des Princes au centre ville et parachevez votre découverte avec le Musée des Années 30…

  Étapes / Centre d’intérêt : Durée de la balade  » Les Années folles à Boulogne-Billancourt » environ 2h  
►Départ Station n°n°16037 Molitor – Michel
1. Molitor – Un lieu de vie au cœur de la création
2. 23 rue de la Tourelle – La résidence-atelier du Corbusier
3. Autour des 21 et 25 rue du Belvedère – Un village d’artistes modernes
4. 24 avenue Robert Schuman – Atelier Joseph-Bernard
5. 7 place Denfert-Rochereau – Bibliothèque Paul-Marmottan
6. 5 rue Gambetta – La folie de vivre
7. Square Léon-Blum – L’Art Déco festif !
8. Entre le 27 et le 26 avenue André-Morizet – Le centre administratif d’une cité idéale bouillonnante de vie
► Arrivée station n°21005 Hôtel de Ville

 

 

Molitor : un lieu de vie au cœur de la création 

 

L’emblème des années 20-30 a réouvert en 2014 ! Et pour cause, cette piscine représente à elle seule à la fois la détente et le dynamisme de l’entre-deux guerres. Au Molitor, on se permet un temps de loisir sportif. On prend soin de son corps, on cherche la performance pour elle-même et non pas pour faire fonctionner une chaîne de production. Les riches Parisiens des quartiers ouest s’y baignent, y jouent au golf, patinent, bronzent et font causette. La bordure de Paris devient une étape balnéaire ! Loin d’être un concept isolé, Molitor est partie intégrante du grand complexe sportif qui inclut Roland Garros ou encore le parc des Princes. Lieu sportif transversal donc, Molitor devient aussi très vite le terrain de rencontres créatives. En 1931, seulement deux ans après son inauguration les artistes sont conviés à un gala dans son enceinte. C’est une initiative parmi d’autres qui fleuriront jusqu’à sa fermeture il y a trente et un an. 

 

Piscine Molitor Paris 16e

 

 

23 rue de la Tourelle – La résidence-atelier du Corbusier

 

Représentatif de son idéal de « ville radieuse » dans la « ceinture verte » de Paris, ses habitants profitent de beaucoup de lumière dans un bâti sobre, aux matériaux industriels et standardisés. Le Corbusier y croyait tellement, qu’il avait lui-même 240m2 aux septième et huitième étages, dans sa résidence-atelier où il vécut 31  ans.  ! Il y lisait Don Quichotte ou Ulysse, ou peignait sur le toit-terrasse jusqu’à la nuit. Il reçoit ici tous les grands architectes de son époque, alors que l’urbanisme est en pleine révolution. 

 

La résidence-atelier du Corbusier

 

 

Autour des 21 et 25 rue du Belvédère – Un village d’artistes modernes

 

Après les hauts immeubles de la rue de la Tourelle typiques des innovations des années 30, la rue du Belvédère est un petit havre de paix. Elle nous étonne entre son style industriel, angulaire, sobre, et son petit côté rue de village. Le sculpteur Froriep de Salis vivait au n°9. C’est André Lurçat (plan de reconstruction de Maubeuge) qui construit cette autre résidence-atelier. Pour l’architecte, cette ville entre les ouvriers des bords de Seine et le quartier des Princes bourgeois était probablement un formidable terrain de jeu pour ses idées à la fois modernes et communistes.
Admirez du 6 au 12, la série de cinq villas de Jean Hillard qui donnent un côté bourgade anglaise à la ruelle.  C’est dans cette ambiance entre modernité et campagne que Dora Gordin s’installe au n°21 en 1929. Les frères Perret, dont Auguste Perret a notamment reconstruit le Havre, utilisent déjà ici le béton armé tout en s’attachant à des décors classiques ! La sculptrice russo-estonienne créera ici certains de ses célèbres bronzes. Sa voisine la peintre verrier Marguerite Huré tombera aussi sous le charme du style de Perret au n°25. En contemplant le rue du Belvédère, on peut toucher en partie à l’inspiration de ces artistes !

 

Autour des 21 et 25 rue du Belvédère - Un village d'artistes modernes

 

24 avenue Robert Schuman – Atelier Joseph-Bernard

 

Cachée derrière la verdure, vous ne pourrez qu’entre-apercevoir la résidence de Joseph Bernard. En 1921, il demande à l’architecte en chef de l’Exposition des Arts Décoratif de 1925 d’ajouter un atelier à cette demeure du siècle passé. Cet architecte, Charles Plumet, devint lui-même collectionneur du sculpteur. Des œuvres de Joseph Bernard sont encore conservées dans l’atelier. Pour se faire une idée de sa vie d’artiste symboliste en pleines années folles, il faut voir la reconstitution de son appartement au Musée des années 30. Comme Le Corbusier, il s’attachera à l’effervescence de Boulogne-Billancourt jusqu’à la fin de sa vie, ici, en 1931.  Non loin de là,  un autre sculpteur, mondialement connu logeait rue Max-Blondat : Paul Landowski.

 

24 avenue Robert Schuman - Atelier Joseph-Bernard

 

 

 

7 place Denfert-Rochereau – Bibliothèque Paul-Marmottan

 

Le collectionneur, écrivain et voyageur Paul Marmottan (1856-1932) a très vite compris l’importance de l’époque napoléonienne et du « style Empire » dans l’évolution de son temps. Ses donations à la bibliothèque Paul-Marmottan montrent bien cette période à la fois de conflit et d’unité de l’Europe, de rencontres entre scientifiques et artistes de multiples pays, de modernité et de tradition. Deux générations plus tard, les artistes gardent cet esprit voyageur, presque européen, tout en souhaitant rompre avec le passé à travers des créations originales !

 

7 place Denfert-Rochereau - Bibliothèque Paul-Marmottan

 

 

5 rue Gambetta – La folie de vivre Preuve de l’émulation de Boulogne-Billancourt

 

Cette ville n’en finit pas de nous étonner en accueillant aussi « l’anti-corbusier » ! L’architecte Emilio Terry se réserve, lui, à la haute classe de la société. La façade néoclassique avec ses pilastres et son fronton témoigne de son style cossu. Ici, la crème de la crème des années 30 se retrouvera chez le dandy Gilbert des Crances qui en finira ruiné… avant qu’au-delà des années folles Edith Piaf ne s’installe ici ! Elle voulut y installer un ring pour son champion de boxe Marcel Cerdan. Mais l’idylle sera brisée par sa mort accidentelle. Avec la veuve et les enfants de Marcel Cerdan, le deuil se déroulera entrecoupé de séances de spiritisme dans la maison boulonnaise. Par-delà le chagrin, elle y recevra aussi d’autres amants dans cette époque d’après seconde Guerre Mondiale où tout semble permis. Elle y compose notamment L’Hymne à l’Amour.

 

Hôtel particulier Gilbert des Crances, rue Gambetta Boulogne-Billancourt

 

 

Square Léon-Blum – L’Art Déco festif !

 

Une halte bienvenue entre le calme quartier des Princes et le bruyant et imposant centre-ville de Boulogne-Billancourt. Cherchez la fontaine d’Eugène Molineau qui représente un faune tentant de séduire une jeune femme avec sa flûte de Pan. Non loin, un joyeux luron se gausse des passants : la Fontaine du Rire de Paul Moreau-Vauthier exprime bien la tendance des années 20 ! « Rire est le propre de l’homme », c’est bien ce que pouvait aussi lire les visiteurs de l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925 où cette fontaine fut exposée. Bacchus hilare est le portrait du chansonnier Dranem. Ses chansons comiques voire scabreuses lui ouvrirent la porte des cafés-concerts populaires. Boris Vian dira lui-même « Comment Dranem peut-il avoir le toupet de débiter devant un public hilare les inepties de son répertoire ? La bêtise volontaire poussée à ce point confine au génie. » Même sa demande pour ses funérailles correspond à l’esprit anti-dépressif de l’époque : « J’ai toujours fait rigoler mes amis pendant ma vie, je ne veux pas les attrister pendant mes funérailles. »

 

 

Square Léon-Blum - L'Art Déco festif !

(Image par Noutch de Pixabay )

 

Entre le 27 et le 26 avenue André-Morizet – Le centre administratif  ‘une cité idéale bouillonnante de vie(s)

 

À côté de tous ces artistes, le maire André Morizet a œuvré pour sa ville idéale en suivant les goûts avant-gardiste de ses habitants. L’Hôtel de Ville et l’Hôtel des Postes en sont deux exemples monumentaux. Deux ans les séparent entre 1936 et 1938. Imaginez cette ville turbulente avec ses cheminées d’usine, dont sortent les derniers modèles de voitures, ses ouvriers épuisés par leur journée de travail qui vont trinquer au troquet, ses artistes toujours à la recherche d’innovation et de sens à la vie et… ces chantiers immenses pour rendre la ville plus vivable et lui conférer une identité affirmée. L’Hôtel des Postes reprend les idées modernes des années 30. Mais l’exemple le plus prestigieux est le centre administratif de la ville, l’Hôtel de Ville lui-même. À son inauguration, la ville est la dix-neuvième ville française avec ses 97 500 habitants. Le sénateur-maire André Morizet s’inspire de l’hôtel de ville de Shaerbeed, près de Bruxelles et des réalisations de l’architecte Tony Garnier. Celui-ci abandonnera même son projet de mairie à Lyon pour venir travailler sur celle de Boulogne-Billancourt ! Fidèle à cette idée de réunir toute cette diversité de Boulonnais autour d’une administration forte et commune, le centre géographique de Boulogne est choisi, sur une ancienne carrière de sable.
Utilitaire avec la distinction entre le bâtiment des services et celui des réceptions, l’Hôtel de Ville n’en est pas moins monumental et sobre à la fois. Le style Art Déco est encore plus frappant à l’intérieur. Les murs sont unis, d’or à la feuille ou de marbre noir. Même les banquettes sont simples mais raffinées. Comme cette période d’entre deux-guerres, où le leitmotiv est « simplement » de faire la fête… avec modernité !

Les Années folles à Boulogne-Billancourt vous a plus ?
Vous pouvez visiter à côté :
Le Musée des Années 30 – Espace Paul Landowski,28 Avenue André Morizet,
92100 Boulogne-Billancourt
Mardi à Dimanche de 11h à 18h00 (fermé le lundi).

 

 

 

Plus d’itinéraires ? Découvrez les balades à vélo proposées par vélib’ !

 


► (C) Photo « Les Années folles à Boulogne-Billancourt«  Pauline COTTE et Glose
► Photo de Une : Glose

 

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