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Bertrand aime les femmes. Non, que dis-je. Il les adule, les encense. Tomber sur ses photos… c’est comme plonger dans un abîme de sensualité, de douce violence, mais aussi parfois d’absurdité. Chaque image est une déclaration d’amour. Difficile de rester insensible à ses visions…

Un photographe à suivre…

Les femmes – telle une armée de muses – demeurent une source inépuisable d’inspiration au vu des situations dans lesquelles Bertrand les photographie, tantôt cocasses, tantôt concupiscentes, tantôt rêveuses. En se dévoilant sous toutes ses facettes les plus intimes, La Femme le trouble sur de multiple registres, ses vertiges donnant ainsi lieu à des délices visuelles.
Les qualificatifs venant à l’esprit pour décrire ce qu’il capte de ses modèles ne manquent pas : élégantes, esthétiques, pudiques, insolentes, provocatrices, insoumises, en un seul mot elles sont libres. Ses modèles dégagent une force fragile. Il peut paraître étrange de lire ceci mais cet oxymore résume bien cet étonnant mélange de vulnérabilité et de puissance qu’ait ce cocktail sulfureux signé « Bertrand Photography » . Plus que des scènes figées en « mode papier glacé », ses clichés semblent s’être échappés de bobines de films, tant elles dégagent une ambiance particulière propre à  celle d’une narration cinématographique.
Vous aimez être troublé ?  Prenez l’ascenseur et descendez. C’est tout droit, l’abîme…

 

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Pourquoi la photo ?

La photo est venue sur le tard dans mon parcours, après avoir dans un premier temps travaillé sur le montage et la vidéo.Je voulais avant tout raconter des histoires et susciter des émotions, ce que le montage au cinéma permet de faire de façon très concentrée. En passant à la photo j’ai en fait réduit le film à son unité première, le photogramme ; mais j’envisage la photo de la même façon que j’appréhende le montage, ou plus globalement la mise en scène : recréer une émotion qui stimule l’imaginaire, le récit, le hors-champs. L’expérience d’un shooting photo est pour moi très proche d’une sorte de mini-film, à travers lequel j’essaye de « diriger » le modèle comme on dirige un acteur, et d’être très attentif à la lumière, l’ambiance générale, comme levier narratif. J’aime qu’il y ait une sorte de malaise, d’équilibre instable dans certaines de mes photos, où deux interprétations possibles se chevauchent et viennent se contredire, à travers un petit détail qui vient rompre le semblant d’équilibre de la scène, et ouvrir le champ des possibles.

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Pourquoi les femmes ?

J’ai longtemps cru que je m’étais dirigé vers les modèles féminins par commodité ou par pur plaisir esthétique (les femmes se prêtent davantage au jeu que les hommes et je me sentais plus à l’aise de diriger une femme qu’un homme). Mais j’ai réalisé au fil du temps que cette forme d’exclusivité était déjà présente dès ma jeunesse : je passais mon temps à dessiner des portraits féminins sur mes cahiers de cours, des silhouettes féminines en cours de dessins, et je recouvrais les murs de ma chambre de posters d’actrices ou de top modèle que je tentais de recopier encore et encore. Je crois finalement que la question de la féminité, de sa fragilité et de sa force, de sa sensualité, est une véritable quête obsessionnelle. J’essaye de révéler ma perception sensible de chacun des modèles que je rencontre : j’ai le défaut de toujours trouver une femme, qu’elle soit modèle ou non, très belle. Dans le métro souvent je m’amuse à relever chez toutes les voyageuses les traits de beauté les plus saillants, le plus discrets – les plus secrets.

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Comment définirais-tu ton style ?

La question du « style » est abyssale, chez un photographe, comme dans n’importe quel art, je suppose. Il y a une forte injonction, sociale et professionnelle, pour un photographe, à très vite trouver son « style », pour dans le fond, trouver du travail. C’est très flatteur de pouvoir être reconnu par le style de ses photos. Mais personnellement, je suis encore un trop jeune photographe pour m’autoriser à définir mon style ; en revanche je pourrais parler plus facilement d’un mouvement, d’une dynamique qui anime mon travail : la recherche d’une image sensuelle, presque picturale, avec des valeurs plutôt romantiques (même si certaines de mes photos ont une charge érotique très marquée). C’est assez simple finalement : je n’intellectualise pas du tout mon travail, je prévois rarement à l’avance une mise en scène. Je me laisse guider par le moment et la sensibilité du modèle. Mais je sais instinctivement quand la photo est bonne pour moi, sans pouvoir vraiment le verbaliser. La photo est un éternel work-in-progress, et quand j’oublie parfois d’expérimenter ou d’oser sortir de ce que je sais faire, je rate très souvent une séance photo.

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Quelles sont tes influences ?

Mes influences sont plutôt cinématographiques. Je suis d’ailleurs assez peu savant sur la mode, la photographie d’art ou de mode, ou même sur les directeurs photo. Mais étant né dans les années 70, je suis très sensible à l’esthétique des films de Claude Sautet, qui me font penser aux photos de famille de ma petite enfance. Ou bien à l’atmosphère parisienne de Ciao Pantin, ou de Peur sur la Ville, ou new-yorkaise de Gloria de John Cassavetes. Et je ne sais pas pourquoi mais les intérieurs bourgeois dans les films de Claude Chabrol m’émeuvent aussi beaucoup, avec des murs tapissés, des gros canapés en cuir marrons, et des tables en verre lourdes, qui semblent dissimuler une forme de névrose perverse ou de secret honteux.

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Ne soyez pas timide, dites-moi lesquelles vous troublent le plus…

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Site de Bertrand Photography

http://bertrandphoto.carbonmade.com/

Pour revoir les photos sous forme de Galerie :

13 commentaires

Franck Parisot 14 avril 2011 - 9 h 19 min

Une bonne partie des photos sont superbes.

Oxymore.

J’assume entièrement le désir que provoque la dernière photo.

La photo de la femme avec la tête dans la poubelle ne sert à rien. J’aurai préféré voir son visage plutôt que de le cacher dans les déchets.

Oxymore.

Les placard, les poubelles, les chiottes ca a commencé il y a plus de 15 ans dans la mode. Ca a été fait, et refait. Ca fait parti de l’histoire de la photo.

Rien de plus difficile que de faire des photos sensuelles et aussi belles que l’ensemble des photos de Bertrand…

Mais mettre la tête d’une femme dans une poubelle c’est aussi facile que de mettre une burqua et aussi violent…

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Glose 14 avril 2011 - 9 h 58 min

Cette photo de la femme dans la poubelle, c’est mon choix ! Chacun d’entre nous ressent des émotions différentes à la vue d’une photo. Elle ne se cache peut être pas, elle cherche quelque chose…
Je ne sais pas à quoi elle a fait appel en moi, mais elle m’a plu tout de suite 🙂

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Glose 14 avril 2011 - 10 h 08 min

Et desfois, j’ai aussi l’impression que mes traits sont tirés, mon visage est « froissé », mon maquillage a coulé, c’est le bordel question chevelure, bref, que j’ai bien dû plonger ma tête dans une poubelle ou que je préfère me cacher dans une poubelle 😉
C’est peut-être une métaphore qui ne peut parler qu’aux filles au final !

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Franck Parisot 14 avril 2011 - 10 h 25 min

Très difficile de faire d’aussi belles photos.

Juste un bémol pour les photos de placard, poubelles et autres.

Une femme avec la tête dans la poubelle ne vaut pas mieux qu’avec une Burka. Vers la fin des années 90, il n’y avait pas un édito sans chiottes, sans poubelles, et autres symbole de rabaissement de la femme. Il est vrai que c’est souvent les stylistes femmes qui poussaient les photographes. Ca fait partie de l’histoire de la photo.

Le désir sera toujours plus beau que le rejet de son désir.

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Franck Parisot 14 avril 2011 - 14 h 28 min

Etant un homme je n’ai pas spécialement envie de faire « la chienne de garde ». C’est juste que beaucoup de photos paraissent naturelles et très sensuelles.Ce qui n’est pas si simple. Et là il assure Bertrand.

Peut-être que je n’aime les autres parce qu’elles ne sont pas naturelles, trop posées, trop simplistes.

Ca ne va pas ensemble.

Peut-être aussi que je fais aussi de la provoc ? Ca ne m’étonnerai pas de moi.

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Pura Vida 14 avril 2011 - 17 h 59 min

Je te félicite une nouvelle fois à la lecture de ce sujet. Continue!
Sinon j’aime bien la tête dans la poubelle. Une femme ne serait elle pas prête à beaucoup pour se faire un shampoing avant de sortir? C’est pas ça???

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Anonyme 14 avril 2011 - 18 h 37 min

Merci Pura ! Ok, je continue ! C’est ce genre de commentaire qui me donne la force d’alimenter ce blog à une cadence régulière 🙂
Cependant une pause s’impose durant mes vacances. Mais j’espère revenir en forme avec plein d’idées de sujets….

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Anonyme 14 avril 2011 - 18 h 34 min

J’étais loin d’imaginer que la femme la plus habillée et dont on ne voit pas le visage, serait la plus sujette à controverse ! J’ADORE !

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Franck Parisot 14 avril 2011 - 21 h 30 min

Désolé les filles. Vous avez raison.

J’ai manqué d’humour. La loi sur la burqua aussi nulle que la justification de la femme qui le porte en disant que c’était pour plaire à Dieu, m’ont laissé dans un vide intellectuel certain.

Vive les grandes lessives

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Zitoun 15 avril 2011 - 9 h 07 min

Bravo pour le texte et bravo à l’artiste. Des femmes nues sans aucune vulgarité c’est beau ça ! Ma « préférée » c’est la femme au téléphone 😉

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Alexander_steller 15 avril 2011 - 10 h 22 min

Lily strikes again! good job princess!!

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François Capdeville 21 avril 2011 - 19 h 36 min

suis fan absolu… je m’y treourve complètement dans son univers si joliment retranscris… belles images sensuelles sans être vulgaire… ma came quoi!

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François Capdeville 21 avril 2011 - 19 h 39 min

moi, j’aime bien la nana au téléphone univers 70’s et le portrait… celle avec le champ genre fin de soirée de débauche m’a amusé…

sinon, je rejoins un peu franck sur les clichés « nana avec tête ds la poubelle ou placard »…

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