Estampillée meilleure BD de l’année par la profession, les médias, les libraires et même par Le grand auteur Art Spiegelman (Souvenez-vous de « Mauss », première BD à recevoir un prix Pullitzer, un événement sans précédent) j’étais ultra-méga-curieuse de lire cette BD adulte adulée et jugée atypique.
« Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » est un phénomène littéraire aux États-Unis.
Sommaire
○ Emil Ferris, l’auteure « Moi ce que j’aime c’est les monstres« ○
Tout arrive à 40 piges. Je vous l’avais déjà dit dans un post… ou je ne sais où.
Simone de Beauvoir a 41 ans quand elle écrit le Deuxième Sexe. Une late boomeuse en avance…
Vera Wang, célèbre styliste de robes de mariée, a connu le succès à l’âge de 40 ans.
Anna Wintour est devenue la rédactrice en chef du magazine Vogue à 39 ans.
Martha Stewart a commencé à devenir populaire en créant un vaste empire autour de conseils de cuisine et de jardinage, à travers des émissions à la quarantaine.
Glose a 40 ans quand elle décide de changer sa vie du tout au tout (la suite dans un prochain épisode).
Et enfin, Emil ferris, auteur de « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres », avec un storytelling digne de « Cosette » : le jour de ses 40 ans elle se fait piquer par un moustique. Résultat : trois semaines dans le coma, une méningo-encéphalite, paralysée à partir de la taille, presque incapable d’articuler un mot, on lui annonce qu’elle ne pourra plus jamais marcher et sa main droite n’est plus capable de tenir un stylo. Elle va jusqu’à scotcher un stylo à sa main pour dessiner et mettra six ans à réaliser cette œuvre de 800 pages. Après 48 refus, l’éditeur indépendant Fantagraphics accepte le manuscrit. Grande inconnue, du jour au lendemain Emil Ferris est propulsée parmi les « monstres » sacrés de la bande dessinée. L’ouvrage remporte trois Eisner Awards (dont ceux du meilleur album et du meilleur auteur).
La vie d’Emil ? Digne d’un film à 11 oscars. À se demander si le succès n’est pas lié aussi à la bio de l’auteur.
Ça pose le contexte…
○ L’histoire de « Moi ce que j’aime c’est les monstres« ○
(Je reprends la 4e de couv’ de l’œuvre )
Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s'imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d'être un monstre que d'être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d'une balle dans le cœur. Mais Karen n'y croit pas et décide d'élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu'entre le passé d'Anka dans l'Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s'embraser et les secrets tapis dans l'ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d'une artiste prodige, Moi, ce que j'aime, c'est les monstres est un kaléidoscope brillant d'énergie et d'émotions, l'histoire magnifiquement contée d'une fascinante enfant. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d'un Crumb et l'univers de Maurice Sendak.
○ Mon avis sur « Moi ce que j’aime c’est les monstres » ○
Une BD lourde à porter dans un sac !
Elle ne peut se lire que tranquillement chez soi. Cet aspect, personne ne l’a mentionné dans les critiques. Et sincèrement ça vaut son pesant de pages.
Impossible de ne pas saluer le style graphique : il est ambitieux, singulier, à part et découle d’un travail colossal. C’est indéniable. L’auteur casse les codes du cadre de la BD (parler de roman graphique est plus approprié) imite le dessin au stylo bille d’une écolière artiste, Karen Reyes 10 ans, l’héroïne du roman qui se prend pour une louve-garou affublée d’un trench de détective et qui raconte l’histoire à travers son carnet intime (avec ses marges, ses lignes et même la spirale). Elle vit dans un quartier populaire de Chicago dans les années 1960. Mais l’histoire est loin d’être linéaire et regroupe plusieurs niveaux de lecture entre roman noir, conte fantastique, chronique sociale et récit en mode « journal intime ».
Il faut savoir que je ne suis pas une lectrice de BD invétérée. Mes coups de cœur dans ce registre sont : la série « Sambre » de Yslaire et Balac à 16 ans, « Mauss » de Art Spieglman, 19 ans, « le Chat du Rabbin » de Joann Sfar à 20 ans, « Quartier lointain » de Jirô Taniguchi et « Vampires » de TezukaOsamu à 29 ans. Ça vous donne une idée de mes goûts mais aussi de mes habitudes de lecture à 20 ans…
« Monstrueusement bon », » talent monstre », j’aurais aimé aussi le penser. Mais je vais être l’exception qui confirme la règle : je n’ai pas eu le fameux gros coup de cœur dont tout le monde est manifestement atteint. Et je regrette de ne pas participer à l’hystérie collective. Et tout le monde va me détester…
Je ne nie pas la qualité de la BD, c’est une très bonne BD. Il y a même des moments de grâce, certains textes que j’ai beaucoup appréciés, les cartes de Saint-Valentin j’ai grave kiffées, le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie m’a captivée, l’histoire des filles serrures est belle mais la sauce générale n’a pas pris.
Est-ce le dessin façon Maurice Sendak qui ne m’a pas touchée, bouleversée ? Je ne sais pas. Ou alors je n’étais pas disposée ou prête et l’essence de ce roman m’a échappée. Ou il me manque quelques cases pour apprécier ou j’ai des goûts de chiottes ou trop mainstream. Tout ça se défend 🙂
Mais comme 99,99 % des gens s’accordent à dire que c’est un chef d’œuvre du 9e art, ça sera un beau cadeau de Noël à déposer sous le sapin 🙂
○ Informations sur la BD « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » ○
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres (livre premier),
par Emil Ferris,
éditions Monsieur Toussaint Louverture, 416 p., 34,90 euros.
Récompenses reçues :
- Prix Eisner du meilleur album 2018.
- Prix Eisner de la meilleure auteure 2018.
- Prix Eisner de la meilleure colorisation pour Emil Ferris 2018.
- Prix Reuben dans la catégorie roman graphique 2018.
- Prix Ignatz de la meilleure auteure 2017.
- Prix Ignatz du meilleur roman graphique 2017.
- Prix Lynd Ward du meilleur roman graphique 2017.
- Prix Lambda Literary du meilleur roman graphique 2017.
- Personnalité de bande dessinée de l’année pour la Comics Beat 2017.
Le livre a été retenu dans les sélections suivantes :
The New York Times : Seule bande dessinée dans les meilleurs livres de 2017 • The Washington Post : Les 10 meilleurs romans graphiques de 2017 • Entertainment Weekly : Les meilleurs romans graphiques de 2017 • Forbes : « Peut-être une des 5 meilleures bandes dessinées de tous les temps. » • The Boston Globe : Meilleurs Romans Graphiques • NPR : Meilleures lectures de 2017 • Book Riot : Meilleurs livres de 2017 • Entropy Mag : Meilleures bandes dessinées et romans graphiques 2017 • Comicbook.com : Nommé parmi les meilleurs romans graphiques de l’année • Publishers Weekly : Meilleur roman graphique de l’année • The Turnaround Blog : Meilleures bandes dessinées de 2017 • Third Coast Review : Les meilleurs livres que nous avons lus en 2017 • The Irish Times : Bandes dessinées et romans graphiques préférés de 2017 • YALSA : Meilleur roman graphique pour les adolescents • New York Public Library : Les 10 meilleurs livres de 2017 • Vulture : Une des 10 meilleures bandes dessinées de 2017 • Paste Magazine : Une des 25 meilleures bandes dessinées de 2017 • Omnivoracious Review : Les meilleures bandes dessinées de 2017 • The A.V. Club : Les meilleures bandes dessinées de 2017 • Chicago Public Library : Meilleurs livres de 2017 • New Statesman : « En course pour être la meilleure bande dessinée de l’année. » • Amazon Best Selling List : Les meilleures bandes dessinées de 2017.
Magnifique…
J’adore l’histoire des filles-serrures. C’est très beau…
3 commentaires
« Quartier lointain » de Jirô Taniguchi <3
Je ne te savais pas femme de goût également dans ce domaine.
Rhooooo… ♥ J’ai adoré tout simplement. Après les goûts et les couleurs… 😛
[…] Chez Glose, l’avis aussi est mitigé. Mais l’article propose tellement de belles photos des pages préférées de la blogueuse, ainsi que la looooongue liste des récompenses reçues par ce livre que, finalement, c’est quand même un article qui donne envie de lire l’oeuvre d’Emil Ferris ! […]