Le Comptoir Général : soirée à bannir ? (Paris 10e)

En journée, c’est cool mais en soirée…

J’adore le Comptoir Général. Le petit chemin lugubre planqué derrière un portail situé sur le quai de Jemmapes, la volumétrie du lieu, le cabinet de curiosités, les fauteuils vintage, la déco, l’ambiance néo-coloniale, le personnel…  particulièrement, le personnel. Toujours aux petits soins, planqués derrière vous, bien plus attentionnés que la team d’un hôtel 5 ☆☆☆☆☆.

Dès l’entrée, on vous éructe de faire la queue. Non parce qu’il y a foule mais pour vous réclamer une « donation » sous le coup de l’intimidation, limite mafiosi. « Donne ce que tu veux, mais laisse nous ta monnaie ». Où l’art et la manière d’un accueil aux petits oignons.
Je commande un verre de vin au comptoir. L’unique bouteille de vin sur la carte. Pourquoi s’embarrasser, proposer plusieurs cépages ? Ils ont tout compris. Il devrait même pousser le concept plus loin les gars : « Planteur pour tous « ! Et basta. Le mono-choix c’est l’avenir. (profit, gain de temps, plumage à l’entrée, etc. Très fort…)
Assis avec des amis à une table, la serveuse nous demande de la quitter pour laisser la place à des personnes venues se restaurer. Bon. Il est lundi 22 décembre, 21h, veille des fêtes, il n’y a pas grand monde. Mais en bons soldats, on quitte la table où l’on sera remplacé par d’autres buveurs de bières. (Plaçage de potes ?)
On fume une clope sur la terrasse. Un agent – qui doit visiblement faire un update de ses verres correctifs – nous prend pour des Pinocchio :
> « Ne dépassez pas la ligne, restez ici« .
> 30 secondes plus tard : « Non mais allez là-bas« . (Là où on ne devait pas dépasser la ligne).
> 1 minute après :  « Asseyez-vous, ne restez pas debout ! »
> La minute suivante : « Parlez moins fort à cause du voisinage !« .  Mon entourage me reproche de ne jamais parler assez fort. Mais là, je suis tombée visiblement sur l’Homme qui valait 3 milliards à l’oreille ultra-sonique. Même mon sourire fait trop de bruit : il est tout crispé le bonhomme.
> 1 minute après : « Vous gênez le passage« . Mais y a personnes qui passe ?? Encore des gens avec des super pouvoirs… d’invisibilité ?
> 1 minute après :  « Fais pas-ci,  fais pas ça« … « lève un bras« , « cligne des yeux, « , « ferme ta bouche« , « Assis, couché ». #PantinStory
> 1 minute :  » Moins de bruit ! »
> 1 minute : « Levez-vous! » « C’est bon sortez, vous êtes restés assez longtemps. Au tour des autres« . Mais quels autres ? La terrasse n’est même pas remplie ?! Ils sont usant les gens avec leurs supers pouvoirs, ici celui de percevoir nos doubles astraux qui leur font croire que la terrasse est surpeuplée…. On se croirait dans la série Misfits. Trop de supers pouvoirs… (et ça profite…)

On ne termine pas notre clope : deux agents nous poussent vers la sortie et l’un pose même la main sur l’un de mes amis, ce qui a le don de l’énerver. Et le gardien commence à dire « Va te faire… » sans achever sa phrase. « Va te faire quoi ? » interroge mon pote. Il bégaye tout en faisant de gros yeux.

Je me rends compte que je suis énervée, agacée. Bonjour la convivialité. Aucune envie de finir mon verre, un ordre à la minute, j’en peux plus.
On termine la soirée un peu plus loin, au bar « Le Carillon » au 18 rue Allibert. Plus chaleureux, plus libre, pas de prise de tête, personne pour nous dicter notre conduite. On est bien mieux à la Bellevilloise dans le même style de lieu. Quand je pense que j’ai failli mentionner « Le comptoir général » pour le compte d’un guide touristique. Bien mal m’en aurait pris…

Plus d’infos :

Franchement, est-ce bien raisonnable ?

Tapis rouge…