Théâtre de la ville de paris, 20h30. De nouveau, je suis allée voir un spectacle en aveugle…
Lorsque le rideau se lève, un très joli tableau vivant apparaît. Des hommes et des femmes en tenue de cadres dynamiques, posent au sommet d’une demi-rampe en bois. Figés, on se croirait au shooting d’une pub pour marque de luxe. Puis un à un, ils se laissent glisser pour de nouveau poser autour d’une table à manger. Puis certains mannequins se transforment en marionnettes lyonnaises, bougeant leurs membres de façon désarticulée. La « bande Dolce & Gabbana » éternisent le début. Trop long. La musique des Pink Floyd ne va rien arranger. Ces tops-models en herbe finissent par se transformer tous en automates et à se tirer dessus (au passage, le bruitage est impressionnant), et comme dans les cartoons, ils se relèvent et se retirent dessus. Montent sur la rampe et glissent à nouveau, constamment. Certains homme esquissent des combats, luttent. C’est un peu la guéguerre. Paradoxalement, la création manque d’action. La répétition des scènes de tirs finit par lasser. Vient la seconde partie, changement de décor : celui d’une fête sur un paquebot. Finalement, ce ne sont pas des models mais des danseurs… oups ! Chaque protagoniste – en tenue de soirée- est accompagné d’une poupée gonflable de sexe opposé avec laquelle ils dansent. Joli effet pour doubler le nombre de personnages. Pour la première fois, j’ai l’impression d’être dans un James Bond. Étrange d’ailleurs que le chorégraphe se dit inspiré par l’imagerie du cinéma. Son univers et les voix off (m’ont fait penser aux textes inscrits dans les bulles) se rapportent plus à celui de la bande dessinée. Jusqu’ici, j’imaginais une BD à la Dick Tracy ou encore du Roy Lichtenstein.
Même si le créateur surprend par ses ingénieuses trouvailles (comme l’installation de la demi-rampe, pivot du spectacle) et dégage une atmosphère glamour et une esthétique parfaite, ces précieux éléments n’arrivent pas à transcender l’ensemble. Tout est là, mais la sauce ne prend pas. Peut-être est-ce dû à ces fameuses longueurs et répétition…
« Pacifique » ? Faut lutter…
Ce qu’on peut lire sur le site du théâtre de la ville de Paris :
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Les années 70, tout en flamboyance, idoles, icônes et fêtes dans l’insouciance de l’éphémère. Désir d’immensité, l’océan.
Résolument pop, volontiers chic ou romantique, carrément rock, glamour toujours, Nasser Martin-Gousset chine les icônes rêveuses qui flottent dans les mémoires, indécises évanescences d’époques enfuies et pourtant lovées au plus intime de la société. Danseur exceptionnel et chorégraphe singulier, il a frayé sa route à l’écart des rigueurs minimalistes comme des poses conceptuelles. Le mouvement chez lui résonne sur le décor, se propage en sursauts nerveux, déhanchés chaloupés et fluides ondulations, brusquement pétrifiés dans leur course. Après Péplum (2006), épopée vénéneuse des passions hollywoodiennes, Comedy (2008), virée festive parmi l’inquiète insouciance des sixties, Pacifique plonge au cœur des années 70, minées par la folle inconscience des excès en tous genres. Tressant danse pure, atmosphères irradiantes et grammaire cinématographique, Nasser Martin-Gousset scrute sous la surface et tourne l’action comme un polar : immensité bleue, journée étale, corps exposés en bord de plage… la silhouette de James Bond rôde à l’horizon.
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Très beau speech, non ? Attrayant mais trompeur. Il est vrai que je saisis mieux le sens à tout ce vacarme et ce qu’a voulu faire naître Nasser Martin-Gousset, le chorégraphe.
Malheureusement, de belles idées remarquables ne suffisent pas à créer une œuvre mémorable…
NASSER MARTIN-GOUSSET CHORÉGRAPHE
PACIFIQUE création, Théâtre de la ville de Paris