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Mon corps, cet objet qui ne m’appartient pas…

par Glose

Comme vous savez j’ai déménagé, puis emménagé dans un appartement.
Sans cave.
Je me retrouve aujourd’hui avec autant de cartons et d’objets que peut contenir une cave de 11,5 m². Ça fait beaucoup. Après 2 ans de Marie-Kondo-sort-de-ce-corps dans mon 25 m², me voilà de nouveau de corvées de tri. Ça va encore me prendre bien 2-3 mois cette histoire….
Dans certains cartons, j’ai découvert des pépites : lettres d’amour d’enfants, des poèmes, des correspondances épistolaires et des photos. Des photos de personnes qui ont traversé ma vie et des clichés de moi, bien sûr.

Et je suis tombée sur cette fille de 25 ans, qui même avec ses complexes, n’hésitait pas à porter des décolletés et se faire plaisir en mettant en valeur les parties « jolies » de son corps.
Je n’ai gardé aucun de ces vêtements et je n’ai plus racheté ce type de pièces. Comment en suis-je venue à me cacher ? À ne porter que des chemises et des cols roulés ? C’était pourtant joli, féminin et sans vulgarité aucune. Au contraire, aujourd’hui j’ai l’impression de rassembler parfois à un sac à patates, un truc informe, à force de vouloir effacer, rendre invisible ce que la nature a mis des années à faire pousser.
Nue face à certains hommes, certaines paroles se sont échouées…
– « Ah… tu as des seins, toi ! « 

 

De dos, tout est plus beau…

 

Et je me suis souvenue que ce changement est venu insidieusement, progressivement.
Des remarques chaleureuses de mon ex qui me disait de ne pas m’habiller ainsi, des femmes qui vous faisaient sentir que vous les agressez. Que si tu t’habilles ainsi, ça veut dire ceci. Le regard de l’autre vous chosifie et vous rappelle que votre corps ne vous appartient pas, vous ne pouvez vous habiller ou disposer de votre corps comme vous l’entendez. Oui ces regards…
J’étais bien loin d’avoir le look d’une Nikki Minaj ou d’une Beyoncé. Mais vraiment loin. Et pourtant…
Je n’ose imaginer les femmes qui ont ce corps de rêve, cette silhouette fantasmée. Déjà que ma normalité agresse…
J’ai voulu petit à petit qu’on me prenne au sérieux alors je l’ai effacé. Je me suis effacée de sorte que ce gommage atteigne aussi mon âme…
Estomper ces courbes comme pour m’excuser de ce corps parfois envahissant et un peu gauche, ne plus avoir ces « excroissances » qui s’interposent comme un étendard de la féminité. Pour n’être qu’une voix et essayer d’être une tête. Ça a marché. Les regards désobligeants se sont atténués. Et on a commencé à lire ce que j’écrivais…
– Ah mais en fait, tu sais écrire. On n’imagine pas ça de toi en te voyant…

À 41 ans, la vision de ces photos parait bien innocentes en comparaison des critiques soulevées. Les gens aiment voir le mal là où il y en a pas, faut croire…

J’étais dans cet outlet il y a deux jours suite à un rendez-pro. Je voulais juste regarder, comme ça.  Juste regarder…
Et puis j’ai vu ce top avec ce décolleté au coloris magnifique. Il m’a rappelé cette photo de moi à 25 ans en soirée.
Essayage.
Sourires.
Et « Fuck ! » aux douze dernières années…

 

Ciao …

 

 

3 commentaires

Maud 1 février 2019 - 17 h 30 min

Beau billet …..merci pour ce texte si touchant….. Moi j ai un véritable souci avec mon corps que je cache…… sans cesse… bisous

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Glose 4 février 2019 - 13 h 16 min

Merci ma belle pour tes mots. Le prendre en photos de façon à ce qu’il soit magnifié m’aide à mieux m’accepter et de voir qu’il y a des parties pas dégueus du tout …
Mais sinon, pas toujours simple d’être petite avec un dos fort et pas de taille…

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Les femmes et leur image... - GLOSE - lifestyle Paris 13 mars 2019 - 10 h 33 min

[…] ce petit billet ô combien révélateur de nos mécanismes d’autocensure où Fonelle avoue qu’elle n’ose porter une robe qui la mettrait ô combien en […]

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