Fin août, simple coïncidence ou ère du temps, plusieurs articles égratignaient et dénonçaient un certain univers féminin. Plus précisément, celui de la représentation de la femme à travers les magazines et le web. Pour la faire courte, ça va très très très très mal… selon eux.

 

La femme moderne selon les magazines féminins

Tout a commencé par un papier sur Slate, pure-player que j’aime beaucoup : La femme moderne selon les magazines féminins. L’image de la femme véhiculée par la presse féminine – haut lieu chéri du diktat de la femme moderne- impose un corps physique idéal et les nouveaux savoir-être et vivre. Si vous vous ne reconnaissez pas dans leur portrait-robot, vous pouvez vous considérer comme has been, une chienne de garde, une ménagère des années 20, une nonne, bref, vous êtes du côté obscur de la féminité moderne. Pour Slate, le verdict est sans appel : la presse féminine vante un modèle de femme horrible à voir : nymphomane, superficielle et ultra-consommatrice. Il leur reproche de créer des complexes en imposant un modèle de superwoman. C’est une liste interminable « d’injonctions ultra-culpabilisantes auxquelles la gent féminine est soumise ».

Il faut savoir que la majorité de leurs exemples se situent en-dessous de la ceinture : orgasme, pilule, homosexualité, relations extra-conjugales. Ne serait-ce pas plutôt les hommes qui flippent de voir à quel niveau on essaye de monter en grade et en température la sexualité féminine ? Peur de l’appel de la performance ? Que chaque rapport devienne une compétition olympique avec une garantie de résultats ? Jusqu’ici je me disais « Ouais encore des grincheux frustrés » mais la fin apporte un nouvel éclairage : « la presse féminine excelle dans l’art de créer des complexes pour mieux permettre aux annonceurs de leur apporter la solution miracle.  »
Elle pousserait à la consommation les femmes cherchant à séduire et à dépenser plus pour devenir irrésistible.

Ok, très bien. Seulement, ces magazines sont plus un moyen de se vider la tête que de la remplir par l’envie de se procurer des produits miracles, s’approprier les normes de l’élégance, la charte de la performance, et imiter les canons de beauté. Ça fait belle lurette que les femmes ne croient plus au père Noël… entre autres.
Je ne connais aucune fille qui après lecture d’un magazine se transforme en névrosée de la beauté ou aliénée du sexe. C’est sous-estimer le fonctionnement de leur cervelle…

 

 

Les blogueuses mode

C’est ensuite la talentueuse blogueuse Maïa Mazaurette qui s’en mêle. Une personnalité dont j’apprécie le style, ses idées et sa plume. Le fond est assez juste mais je ne suis pas à 100% d’accord avec son exaspération.
Le contenu des blogs mode souffriraient d’un certain manque de critique, d’analyse voire que le sujet « mode » en lui-même est inéluctablement inconsistant. « La mode, au-delà de son caractère utilitaire ou alors véritablement artistique, est une perte de temps, d’argent et d’intelligence. »

Maïa réclame une mode moins lisse, moins parfaite que celle que nous exposent les magazines. « On n’est pas des princesses, on n’est pas des cruches, on veut du contenu, des poils, du sang, de l’amertume, du saugrenu, du sale, de la vieille, du choc électrique, de la poudre à canon, des histoires qui se terminent moyennement bien, des gueules de travers, de la politique, de la remise en question, de la science-fiction, et si vraiment tout ce que vous avez à offrir c’est un jean à l’ourlet 1 cm plus long que la concurrence, alors ok, mais par pitié, faites moins de bruit. Magazines féminins, blogs mode : c’est vous les dealers de drogue. Les usagères peuvent essayer de décrocher mais au pénal, c’est vous les vrais responsables. »
Des poils, des histoires qui se finissent mal, des gueules de travers, ma vision en est pleine. Et puis certains magazines s’en chargent déjà (Causette, Wad magazine). Si j’ai envie de jolies choses, de glamour, de filles de rêve, je vais acheter ma dose dans un kiosque à journaux. Pour le reste, c’est gratuit, fait plus de bruit et suffit juste de mettre un pied dans la rue.

 

 

 

Perso, je pige rien à la mode. C’est un univers qui ne fait pas partie de mon quotidien et qui dépasse parfois l’entendement. Qu’une communauté puisse y trouver une logique et des fashion faux-pas, je dis : « Wooow ! ». Si certaines s’éclatent et s’épanouissent dans cet univers, très bien pourquoi les critiquer ? Je suis bien contente que des expertes existent dans ce domaine pour conseiller celles qui manquent de temps, de goût ou ont autre chose à faire. J’aime les fringues, être coquette, avoir du style, mais faut l’avouer : j’achète rarement des magazines, traine pas dans les boutiques tous les week-end, et ne stagne pas sur les sites de mode. Mais si je ne comprends rien à la mode, je suis plutôt admirative des filles qui sont calées sur les prochaines tendances, savent ce qui est in & out, quel était le it-bag de 2005, l’origine du Birkin et du Kelly, annoncent sans être ridicule que porter des ballerines Bambi c’est hype, dissertent sur le potentiel d’une robe (ce en quoi je suis incapable), etc. Bref, plutôt contente qu’il y ait de la place pour tout le monde.

Chacun a son mode d’expression, son public, sa manière d’exister sur la blogosphère. A chacun ses idoles et ses envies. C’est une autre forme d’intelligence de savoir marier les formes, les couleurs, les pièces, etc. Ah c’est sûr, ce n’est pas concevoir les plans de la fusée Ariane. Qualifier la mode de sous-intelligence, c’est presque de l’ethnocentrisme à ce stade.

Un jour, je verrais bien une expo contemporaine sur les photos de bloggeuse mode, vu le phénomène de société. Erigé en art, elles prendront ainsi leur revanche sur tous leurs détracteurs…

 

Les lolitas du net

Puis sur sa page facebook, Maïa poursuit suite à la publication de l’article Coucou les filles « Qu’est-ce qu’on disait déjà au sujet des gens qui sont passionnés par la mode et les cosmétiques ? Ah oui : que de la vidéo au cerveau, ils restent en deux dimensions. (QUE FONT LES PARENTS BORDEL. Je serais bien moins inquiète si ma gamine sortait en club fetish que si elle passait ses après-midi à faire de shopping. Ces ados ont besoin d’âme, pas d’un nouveau débardeur.) »

La cible est facile, la critique décidément aisée. ça sent la provoque, l’élitisme underground. Lorsqu’on a 15 ans de plus, facile de juger ridicules ces ados… Le fossé générationnel n’est pas nouveau.

Blogs BD de nanas

Dernière bloggeuse énervée, Tanxxx. Post assez agressif sur les blogueuses BD du même acabit et au même contenu que les blogueuses mode. En gros, pas mal d’écervelées et de pétasses dans le monde de la BD tendance girly. C’est le règne de l’abêtissement. Mais mettre dans le même panier Miss Stinguette et Pénélope Bagieu, je trouve ça un poil rude, voire manquer de discernement. Même si sur certains points je la rejoins,  pourquoi en faire toute une histoire ? Jamais il ne me viendrait à l’idée de critiquer les Harlequins et autre livres de chick-litt. C’est s’attaquer au plus faible…
Chacun sa place dans le paysage culturel, chacun ses goûts.
Perso, je vois plutôt ces « pétasses » comme des caricatures, des filles qui n’existent pas dans la réalité, une exagération au sommet de girlitude pour mieux en rire. Je pense que ces filles sont des clowns de haute-voltige, représentant une facette surréaliste de chacune d’entre-nous. Faut vraiment pas prendre ça au sérieux. Au lieu de voir une certaine bêtise, j’y vois plutôt un sens de l’auto-dérision autour de cette faune fascinante et disjonctée que sont ces femmes girly. Est-ce qu’ils existent des BD hommes métrosexuels uber ou novo casual ? A ma connaissance non. Et si c’est le cas, je pense  que ces albums seraient très bien accueillis.

 

Ensuite, je suis tombée sur l’article de Sophie Gourion « L’influence des femmes sur le net ou l’art de l’auto-sabotage ». D’après une étude sur les bios publiées sur twitter, Sophie remarque que les femmes ont la fâcheuse tendance à se dévaloriser et à se présenter sous un aspect superficiel. Exemple :  « Lolita des temps modernes, superficielle & caractérielle, Shopping addict Pulpeuse version 2xl, un brin détestable mais toujours avec le sourire 😉 ».

 

Là je me dis : STOP. C’EST BON. C’EST L’OVERDOSE.

Le cassage, la dévalorisation,  c’en est trop. Marre de lire à la suite des papiers dévaluant l’univers féminin, surfant ainsi sur un créneau.
Moi j’adore parler de choses futiles. A d’autres les sujets graves. A chacun son domaine…
Pour moi, les deux sont complémentaires et participent à l’équilibre d’une consommation culturelle variée.
Que les mecs lisent leur Picsou, leur Play-Boy, jouent à la console, ou s’émeuvent devant un match de foot, on en fait pas tout un fromage, ni un problème de société, ni une conspiration de la presse. Chacun ses failles, ses délires, ses plaisirs, son exutoire. Les auteur(e)s ne font qu’alimenter un courant. Soyez plus malins, exercez votre verve sur des vrais sujets qui peuvent changer une vie, le quotidien, toutes sortes d’injustices. Il n’y a aucun mérite ni gloire, à taper sur ces filles (lectrices de magazine, blogueuses modes, vidéos lolitas…).

Solution de facilité ou envie tirer la couverture vers soi en participant aussi à l’entretien de cet univers féminin girly et donc au jeu de la superficialité en lui donnant autant d’importance ? Y a pas mieux que l’ignorance pour éteindre une tendance.

 

PS : vu le nombre de gens qui applaudissent et sont heureux de lire ces papiers salutaires, je pense que je vais me faire taper dessus. Pas grave, c’est bon pour la circulation sanguine dixit les magazines…

8 commentaires

Lilyjuann 19 septembre 2011 - 11 h 52 min

Tres juste, très bien dit…

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marine 19 septembre 2011 - 12 h 08 min

moi je ne vais pas te taper dessus, je trouve ton post super bien écrit.
Ben ouais, moi aussi, je trouve parfois qu’on nous montre des filles un peu trop parfaites dans les magazines, qu’on nous fait rêver avec plein de fringues très chères, et qu’on nous sert des sujets aussi superficiels que « pour ou contre le retour de la jupe-culotte ».
Mais voilà… j’ai beau continuer à lire Elle, adorer acheter la presse people en vacances, et aimer avoir du style vestimentaire… j’ai aussi un esprit critique, je réfléchis même (si si!), comme la plupart des êtres humains… et parfois je ne suis pas d’accord avec un article ou un point de vue! dingue! je dirais même plus: éblouissant, non?

Quand on me présente un it-bag à 800€, je le regarde, mais il ne me vient jamais à l’idée que je pourrais, concrètement, me l’acheter.
Parce que j’estime, sans vouloir paraître trop prétentieuse, que malgré mon sexe féminin, mon QI est supérieur à 100.
Et je ne vois pas le mal à regarder ce fameux it-bag pour m’en inspirer, m’imprégner d’un style, parce que, même si je ne comprends pas grand chose à la mode (cela ne m’intéresse pas, d’ailleurs), j’aime en revanche avoir du style.

Et franchement, on n’a encore rien trouvé de mieux que la légèreté, l’humour, l’apparence, la rigolade, la superficialité, pour supporter parfois la lourdeur de la vie (stress, soucis, maladie, relations, boulot…).

Ah et puis, comme tu le dis si bien, il y a de la place pour tous les styles, et je pense que nous sommes toutes faites de légèreté, et de sérieux à la fois.
Je connais peu de femmes qui seraient uniquement « sérieuses, intellectuelles, graves et passionnées par la variation du cours du blé au Sud-Soudan », et d’autres qui seraient plutôt « pouffes, légères, coconnes et incollables sur les meilleures associations de vernis à ongles main/pieds ».

Perso je ne suis pas très fashionista, ni pouffe (en plus depuis que je suis maman, j’ai vraiment moins de temps pour ça)…
Mais je ne refuse jamais la lecture d’un petit Voici ou d’un Closer… et ça ne m’empêche pas de lire beaucoup de romans, des classiques ou des romans bobo, de la littérature branchée américaine.
C’est faire preuve d’ignorance et de bêtise, voire de beaufitude, que de croire que seules les imbéciles sous-diplômées (ou pouffes à deux neurones des beaux-quartiers) lisent des articles pourris de tabloïds.

Comme toi… je trouve qu’il faut se détendre, un peu.
C’est prendre les femmes pour des connes que de penser qu’elles sont à ce point aveuglées par la pub et le marketing (même si évidemment il y a toujours des gens moins intelligents et plus faibles que d’autres… chez les femmes aussi, logique).

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Glose 19 septembre 2011 - 12 h 24 min

Tu complètes à merveille ! Je n’aurais pas dit mieux 🙂

Merci Marine 🙂

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marine 19 septembre 2011 - 12 h 15 min

je rajouterais que l' »Insoutenable légèreté de l’être », de Kundera, est, en un sens, une lecture qui pourrait être très cohérente, quoique un peu éloignée, avec cette problématique.

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Ellen A Paris 24 janvier 2012 - 22 h 56 min

Hello,
J’ai lu ton article d’un seul trait sans m’en rendre compte (ouai, je suis une fille et je sais même lire plein de mots 😉
Je n’ai pas grand chose à y rajouter, mais j’aimerais juste te partager mon ressenti.
Je suis arrivée dans la blogosphère depuis mai et petit à petit je découvre cet univers. Je tiens un blog où je « parle » de mode et d’autres sujets mais je ne me considère pas comme une blogueuse mode (ce qui me permet de regarder tout cela avec un peu de recul).
En fait, ce qui me dérange dans la tendance actuelle, c’est que justement je trouve qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. Personnellement, j’ai du mal à trouver des blogueuses qui sortent un peu du lot, pour les trouver il faut creuser dans les pages de résultats de Google, parce que celles qui arrivent en haut de page sont celles qui font le plus d’audience et pas forcément les plus créatives ou les plus originales. On croit que le net est un espace ouvert mais finalement sur la toile comme dans la vraie vie, il y a ceux qui sont importants et qu’on écoute et les autres. Et ce que je trouve dommage, c’est que justement dans le domaine de la mode en particulier, il y a une vraie uniformisation. C’est dingue ça, le futile aussi devient lisse 😉
J’avais lu aussi le post de Tanxxx et même si elle y va fort, je trouve que sur le fond elle a raison : la diversité est de moins en moins présente. Quand les maisons d’édition, les marques, ou les agences trouvent une personnalité ou un thème qui marche et qui fait de l’audience, par facilité, elles vont utiliser cette personnalité ou tendance jusqu’à plus soif. On retrouve ce même phénomène dans le monde la musique où les maisons de disques préfèrent capitaliser sur des rééditions de best off que de lancer de nouveaux talents pour limiter les risques et c’est dommage…
Bon là je m’égare un peu, je fais du hors-sujet (aïe), j’arrête de squatter ton blog 😉
Bises et bonne semaine <3

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Glose 25 janvier 2012 - 21 h 53 min

Merci pour ton commentaire, bienvenue dans la blogosphère, et n’arrête pas de squatter mon blog ! 🙂 Ton avis est bienvenu d’autant plus qu’il est argumenté ! Oui, il y a du vrai dans ce que dit Tanxxx, mais je préfère qu’on s’attaque avec une telle véhémence à des sujets qui en valent la peine. J’ai trouvé ces propos trop virulents pour des choses aussi futiles. Et si les maisons d’édition publient ces filles qui ont du succès, c’est parce que le public est présent. Peut être vaut-il mieux s’attaquer aux goût du public ?…  S’il n’aimait pas, il n’achèterait pas. Et pour que les maisons d’édition survivent, il faut bien publier des choses « faciles » pour avoir les moyens d’éditer des choses plus pointues, qui trouveront plus difficilement un public certes, mais qui sera de qualité. Publier un livre, c’est un coût et on a pas toujours les moyens de publier ce qui est bon mais dont le succès ne sera pas garantie. Mais je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde et ce n’est malheureusement pas le cas…

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Glose 25 janvier 2012 - 21 h 53 min

Merci pour ton commentaire, bienvenue dans la blogosphère, et n’arrête pas de squatter mon blog ! 🙂 Ton avis est bienvenu d’autant plus qu’il est argumenté ! Oui, il y a du vrai dans ce que dit Tanxxx, mais je préfère qu’on s’attaque avec une telle véhémence à des sujets qui en valent la peine. J’ai trouvé ces propos trop virulents pour des choses aussi futiles. Et si les maisons d’édition publient ces filles qui ont du succès, c’est parce que le public est présent. Peut être vaut-il mieux s’attaquer aux goût du public ?…  S’il n’aimait pas, il n’achèterait pas. Et pour que les maisons d’édition survivent, il faut bien publier des choses « faciles » pour avoir les moyens d’éditer des choses plus pointues, qui trouveront plus difficilement un public certes, mais qui sera de qualité. Publier un livre, c’est un coût et on a pas toujours les moyens de publier ce qui est bon mais dont le succès ne sera pas garantie. Mais je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il faut qu’il y ait de la place pour tout le monde et ce n’est malheureusement pas le cas…

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Les blogs masculins se "girlytisent"... Glose - blog parisien urbo-culturel décalé, chroniques et photos 2 février 2012 - 10 h 27 min

[…] 2011, celui de Slate, dans lequel, j’avais déjà fait référence dans « Modeuse, girly girl, pétasses et cie ». Les auteurs de l’article identifient un magazine féminin à : son ton frivole, son minimum […]

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