Accueil » Mon journal » de bord » Les chèvres de Madame Webecome…

Les chèvres de Madame Webecome…

par Glose
Published: Last Updated on

Vendredi 15 avril, Culture Hall.
Je vais vous raconter une jolie histoire qui ravira tous ceux qui détestent le monde de la nuit et ses mirages.

Il était une fois, une agence parisienne d’événementiels qui recherchait des jolies filles talentueuses pour les prendre pour des chèvres.
Par l’intermédiaire de leur réseau, chaque vendredi, elle devait enrôler 3 jeunes femmes, rebaptisées – pour des questions d’image de marque et de tralala marketing– : « Ambassadrices ». Un terme qui n’est pas sans évoquer la classe, l’élégance, et tout le tintouin.

Leur slogan : « Nous la nuit on se promène, viens avec nous ! »
Comprenez : « Nous la nuit on t’envoie balader ! »

 

L’ANNONCE :


Voici pour le topo. Maintenant place à :

L’ENVERS DU DÉCORS

SCÈNE I
Vous rencontrez les ambassadrices – seule– pour organiser la soirée :

– Salut, tu sais quelle est la mission d’une Ambassadrice ?
– Non et toi ?
– Non plus. Mais vous avez rencontré l’agence ?
– Non. [En choeur]
– Vous savez quoi exactement ?
– Il faut venir avec 25 personnes.
– Et à part ça ?
– Ben c’est tout.

Bref, partant d’aucun brief ni d’aucune directive, vous allez devoir investir votre temps libre pour trouver un thème de soirée, organiser le carré vip, et surtout appâter vos convives. La seule info connue : les bouteilles sont à 120 euros pour les filles et 160 euros pour les gars.
[Erreur! Vous apprendrez sur place que la première bouteille  commandée est à 120 euros et 160 euros les suivantes…].

SCÈNE II

Devenant apprentie chèvre, vous passez votre temps à courir auprès des personnes responsables de la soirée pour obtenir des infos :

– Quelle est l’heure d’arrivée ?
– Ne venez pas avant avant 00h30, ça sert à rien.
– Ah bon ? [Ben mince, j’ai des amis qui voulaient arriver tout au début à 23h…]
– Mais vous ne faites pas un truc avec les Ambassadrices en début de soirée, histoire de marquer le coup, y a pas un déroulement précis ?
– Non.
[Merde, moi qui prenais ce rôle vachement au sérieux, me sentant vachement importante…]
– Où doit-on se retrouver exactement?
– Là-bas au carré.
– Et quand faut-il remettre la liste des invités ?
– Vendredi à 12h.
– Mais par mail ? Par Facebook ?
– Je t’enverrais mon mail.
– Et sinon, le thème de la soirée « Pop » ça vous va ? Je n’ai pas eu de réponse et on est quand même à 48h avant la soirée. J’aimerais pouvoir confirmer officiellement à nos amis..?
– Ouais ouais, ça va.
[Sinon, tu me le dis si je t’ennuie avec mes questions…]

Mais jusqu’où cette inertie va-t-elle continuer ?

PREMIÈRE CONCLUSION
Être « Ambassadrice » pour Webecome c’est non seulement courir après un brief, enquêter sur son propre rôle, mais aussi passer son temps et dépenser son énergie à animer une page Facebook pour avoir des attending, ameuter du monde de qualité, appeler les gens, les re-appeler pour ne pas qu’ils oublient de venir, remplacer ceux qui se décommandent, vérifier la présence de ceux qui ont dit oui mais qui ne donnent plus signe de vie, les convaincre de se vêtir selon le thème choisi « Pop », poster des idées de tenue, les rassurer sur ce qu’ils vont porter (ça fait pop ça tu crois cette robe noire ?), trouver soi-même sa tenue de « Pop Ambassadrice ». Bref, la note téléphonique s’allonge tandis que mes yeux fatiguent devant la liste des messages à lire et à écrire…

SCÈNE III

Vendredi 12h00. Personne ne vous réclame rien.
C’est encore vous qui questionnez : « Mais à qui et où faut- il faut envoyer la liste ?! »
[ Donc l’inertie continue… Ben non. C‘est toi l’Ambassadrice, c’est ton job, tu bosses, point]

Tous les RP vous le diront : le jour J, c’est la valse du téléphone. On vous appelle pour décommander, pour rajouter, pour remplacer, etc. C’est le début des chaises musicales et ça dure jusqu’à l’arrivée dans le club.
Entre temps, je démarre la soirée au Bus, invitée et très bien accueillie au champagne par un RP de la boîte et aussi pour faire venir une bande d’amis. Seulement, ça traîne, je dois y aller, il est minuit passé et au final mon ami préfère nous rejoindre après, grrr ! Résultat : il est 1h passée quand j’arrive avec des tonnes de textos qui affolent mon BB (NDLR : Blackberry)

Une amie m’appelle :
– Je peux pas entrer ! A l’entrée ils ne savent pas qui tu es, ta liste n’existe pas ! [Oh la honte…  on m’a carrément zappé...]

Ensuite, une autre  :
– On arrive à 14 et on doit faire la queue ! Ils s’en foutent de la liste, ils veulent pas nous faire entrer ! [Non, ne craque pas… ]

Et d’autres :
– Ils ne veulent pas nous laisser entrer !
– Mais vous êtes attendus,  vous êtes sur liste !!!
– Oui, mais non, ils s’en foutent ! Non seulement on rentre pas, mais en plus sont limite désagréables pour rester polis ! [ça y est, la déprime se pointe…]

Devant le carré VIP avec mes invités qui sont passés, c’est la cohue. 15 min-20min d’attente, encore. Aucune idée pourquoi, le type de l’entrée du carré met un temps fou à faire entrer les gens. Ma liste, il ne l’a pas puisqu’il me demande qui est avec avec moi. [No comment] Donc pour les amis qui ont décidé de venir vers 2h du mat’, je réalise que ça va être mission impossible pour franchir le carré, à moins que je reste plantée à l’entrée du VIP toute la nuit. Joli programme en perspective…
Bref, j’ai beau désigner le groupe ici présent comme étant tous mes invités, c’est la croix et la bannière pour les faire entrer. De sorte, qu’une fois dans le carré, je me rends compte que j’ai perdu en route un couple d’amis avec qui je suis venue et qui faisait la queue devant le vip. L’attente et trop de bousculade eurent raison d’eux. Si près du but…  Mais ils ont dû se dire qu’ils se sont trompés de soirée, celle où règne une certaine idée de l’élégance…  [Allez ! Fait bonne figure, rassure-toi auprès de tes amis s’ils passent une bonne soirée et ne montre pas ton stress…]

J’apprends au cours de la soirée que d’autres personnes de ma liste n’ont pas pu accéder au carré VIP.
40 personnes sur ma liste… censées être des invités de marque car choisis par l’Ambassadrice… Vous savez ce terme qui évoque l’élégance, la classe et tout le tintouin…

Mais le plus beau reste à venir, la chute de l’histoire !

 

SCÈNE IV, DERNIER ACTE

1) L’agence m’a reproché mon retard.
[C’est bien connu : en boite de nuit y a des horaires et 1 h du mat au lieu de 00h30, c’est grave.]

2) Message du boss : « Ton rôle s’arrête là. » Point.
[Pas de cadeaux, même pas un pin’s et encore moins un merci.]

3) Pourquoi pas de cadeaux comme annoncés ?
Parce que je n’ai pas rempli ma mission. Et oui… Je n’ai pas réussi à faire entrer 25 personnes…

MORALE DE L’HISTOIRE

Ne vous engagez pas tant que vous ne rencontrez pas le grand méchant loup ! Sans oublier de consigner votre mission sur papier. La parole n’est pas suffisante. Sinon, on vous fera bosser bénévolement tout en vous mettant des bâtons dans les roues, vous promettant monts et merveilles en se faisant du fric sur votre dos, en pompant votre carnet d’adresses.
Sachez aussi que si votre mission est réussie, vous n’avez droit à rien…
Annonce mensongère, foutage de gueule ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion…

13 commentaires

François Capdeville 26 mai 2011 - 9 h 18 min

et bien… plus le temps passe plus j’adore ton blog.. là on est dans de le témoignage réaliste, le tout écrit avec ton style… çà me plait çà cette nouvelle forme de micro investigation parisienne qui a du style et de la répartie.
Concernant ton expérience, elle est malheureuse mais me renvoie à bon nombres de témoignages d’amies/s qui ont travaillé pour des collectifs et qui n’ont jamais touché le denier mérité; combien d’hôtesses, de placeuses, de RP d’un soir, d’artistes non payés (Electrochic est bien placé d’ailleurs, du temps où ils assuraient leur soirée au showcase, je connais qques artistes qui attendent tjs d’être payés)… Et quand tu cherches à discuter, on te fait comprendre que contrairement à bcp de gens tu as pu profiter du coin VIP avec 2 coupettes de champ gratos… ahalalallalalalalal

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 13 h 23 min

C’est intéressant…

Répondre
Anne-Solène Loiseau 26 mai 2011 - 9 h 23 min

o_0 Je vote pour le manque de professionnalisme et de respect…

Répondre
Madame Claude 26 mai 2011 - 9 h 28 min

Content que tu fasse ce coup de gueule !! Étant dans tes invités, j’ai effectivement poireauté une heure dehors puis une heure devant le carré vip on ne m’a jamais laissé rentrer, c’est un ami qui m’as prêté son bracelet !
Arrivé dans le carré Vip ou il y avait plus de monde que dans la salle, impossible de commander un verre ! on se bouscule sans arrêt et en plus la musique était digne d’une bonne soupe de Vesoul !

Pour résumer cette salle n’as jamais était terrible et la c’est vraiment navrant !
Webecome n’a jamais été bon pour l’orga de soirée et la c’est navrant !!! (on se rappelle de la soirée JB au centre Pompidou ou a peu prés la moitié des invités n’était pas rentrés après 2h de queue !!)
Je me suis plus amusé à Vesoul l’année dernière !!

Donc tu es une bonne ambassadrice !!! Maintenant on le sais surtout n’allez pas dans cet endroit c’est un des pires de Paris !!!!!

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 13 h 22 min

Désolée de vous avoir embarqué dans cette galère… :/
On ne m’y reprendra plus !

Répondre
Franck Parisot 26 mai 2011 - 9 h 54 min

Tu as raison d te plaindre quand il y a de l’irrespect. Ca me rappelle une soirée organisée pour une des plus grandes agences de pub. Ils te disent qu’il serait bien pour toi de venir faire des photos lors d’une soirée. ils recherchent de nouveaux talents. Mais c’est c’est pas payé. Au final ils ont fait travailler quelques personnes gratos. Personne ne s’est intéressé à mon travail. ils n’ont soit disant pas d’argent mais ils achètent une cinquantaine de nounours dans lesquelles ils se roulent…. Et jamais on ne m’a pris autant pour un larbin. 

L’événementiel perd ses lettres de noblesse avec ces gens.

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 13 h 25 min

Merci pour ton témoignage… je vois que c’est assez fréquent au final….

Répondre
Musardin 26 mai 2011 - 10 h 05 min

Aï … d’un autre coté ça ne m’étonne pas trop :s, tu sais pourquoi j’ai rejeté le clubing après de superbes adieux à IBIZA (bien accompagné :p)… bref plus que le coté superficiel qui est de toute façon compréhensible dans un environnement festif, c’est cette pollution par l’argent qui me dégoûte… pourquoi cette sélection à l’entrée ? Pourquoi baser cette ségrégation sur les signes extérieurs de richesse ? pourquoi ces tarifs exorbitants ? pourquoi reproduire par le principe même du carré V.I.P la fracture sociale entre ceux qui  peuvent se payer la boutanche à 150 € et ceux qui sucent des glaçons toute la nuit ? Bref tu sais que j’ai choisi mon camp ludique depuis quelques années (et je continuerai d’essayer de te corrompre ^_^) et je souhaite à tous de pouvoir partager de beaux et bons moments de divertissement nocturnes… même en boite :p. 

Booooom

No_n°

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 22 h 15 min

J’avoue qu’il y a beaucoup de vérités dans ce que tu dis…

Répondre
Emmanuelle Dhaynaut 26 mai 2011 - 10 h 09 min

Le couple d’amis qui s’est lassé d’être bousculé devant le carré VIP et a préféré s’éclipser confirme…

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 22 h 13 min

Désolée :/

Répondre
Erika Benton 26 mai 2011 - 10 h 11 min

super cet article!
Très révélateur du pourrissement de la vie nocturne parisienne . Marre du vigiles humiliant et abusifs, des verres trop cher et aussi des idiots sans scrupules et méprisants qui s’improvisent organisateurs. 
A mort le snobisme de la nuit vive la fête, la vrai, sans pretention!

Répondre
Glose 27 mai 2011 - 22 h 16 min

Merci ! Eh oui… c’est pas un milieu de bisounours la nuit parisienne…. 

Répondre

Laisser un commentaire

Tu aimeras aussi...